A la rencontre d'un comte oublié
     
     
 

Charles-François de Selle (1749-1814)
Tableau exécuté par Joseph Ducreux,
peintre français (1735-1802)
premier peintre de la reine Marie-Antoinette.

     
     
Si chacun d'entre nous connaît la vie des Habert de Montmor, il n'en est pas de même avec leurs successeurs, qui restèrent de 1737 à 1805, les seigneurs de notre village.

Quelle était donc cette famille ?

Les Selle, puisque tel est leur nom, originaire de Liège vinrent s'installer en Lorraine avec Nicolas de Selle dès 1470. C'est avec Charles né le 16 mars 1707 à Rouen que la famille de Selle s'implanta dans notre commune.

Charles dont les armes familiales sont "d'argent à trois bandes de gueules, au chef d'azur chargé de trois étoiles d'or", occupera plusieurs charges importantes dont celles d'avocat au Parlement de Paris [30 juin 1730], de conseiller du roi puis Commissaire aux Requêtes du Palais [28 avril 1739]. Il épousa en première noce à Paris le 27 avril 1735, Catherine Gaultier de Besigny. Elle décéda, sans doute d'une fièvre puerpérale, le 22 mai 1736, deux jours après la naissance de leur fille Anne-Gabrielle dont nous reparlerons un peu plus loin.
C'est avec Marie-Catherine Lamouroux [1713-1766] qu'il se remaria le 19 février 1737.

La même année le 15 septembre, le château devint donc, la propriété de la famille de Selle qui demeurait alors rue Sainte-Apoline à Paris. A cette acquisition, ajoutons celle d'une pièce de 93 arpents de bois au Bois de Maincourt et celle du fief de Fort-Manoir [18 octobre 1739].

Charles de Selle manifestera sa générosité envers la commune à plusieurs reprises.

En 1747 il finança les travaux de restauration intérieure de notre église, et le 8 décembre on célébra pour la première fois la messe sur le nouvel autel et l'on découvrit les lambris du sanctuaire, le tabernacle, la gloire et les pilastres. A cette occasion, Charles fit don à la paroisse, du tableau représentant "
Le Martyre de Saint-Denis", réalisé par Jean-Simon Berthélemy, un élève de Carle Van Loo et que nous pouvons admirer en entrant à gauche de l'autel. Madame de Selle, participera quant à elle au rétablissement de l'autel de la Sainte-Vierge dont elle offrit le devant.

Notre châtelain assurera en 1763 la dépense de 138 toises de pavés qui allèrent servir à mettre en viabilité la rue qui "commence au coin du potager du château et qui se termine devant la croix du carrefour de ce lieu" (Rues H. Husson et R.Berrurier jusqu'à hauteur de la rue de Versailles).

Le 30 janvier 1769, il déposa le château dans la corbeille de mariage de son fils Charles-François [1749-1814], lors de son union avec Anne-Thérèse Faudran de Taillades (sa cousine issue de Germaine) [1753-?].
Ces armes "
d'Azur à une pointe d'or". La bénédiction nuptiale eut lieu le 1er février suivant en l'église Saint-Roch à Paris. Dix enfants en partie natifs du Mesnil furent issus de cette alliance.

Charles-François, lui aussi conseiller au Parlement de Paris, fit du domaine du Mesnil son domicile effectif jusqu'en mai 1782, date à laquelle il en vendit l'usufruit à son cousin Henri-François Lamouroux, écuyer puis receveur général des finances.

Nous voici au lendemain de prise de la Bastille et conformément au Décret de décembre 1789, la Garde Nationale remplace l'ancienne milice bourgeoise. Lors de sa constitution au Mesnil le 1er août 1790, Henri François Lamouroux se verra confier le poste de Commandant. Il fallait pour la Garde Nationale un nouveau drapeau tricolore : Henri-François, l'offrit. Il portait sur les deux côtés, l'inscription en lettre d'or : "Menil St Denis".
Le 26 août 1790, il rétrocéda le domaine du Mesnil à Charles-François de Selle, qui retrouvera ainsi, après une absence de huit années, son château et ses terres. Charles-François jouera lui aussi son rôle dans la vie communale. Il sera élu commandant en chef de la Garde Nationale le 23 juin 1791 en remplacement de Henri François Lamouroux, démissionnaire.

     
 

  Anne-Gabrielle-Catherine de Selle Yves Verduc de Soisy
     
La tourmente de la Révolution apaisée, il choisit de vendre le 3 nivôse de l'An IV son domaine.

A Jean-Pierre Prengrueber, de Cologne, il vendit les fermes de Beaurain et de Rodon, et à sa propre demi-soeur Anne-Gabrielle-Catherine de Selle, veuve d'Yves Verduc de Soisy, le surplus de la terre du Mesnil avec "les meubles meublant et mobilier garnissant la maison d'habitation". Six années plus tard, elle le revendit à Etienne-Dominique-Pierre Cureau de Roullée.

Ainsi s'achève le règne d'une grande famille qui occupa sous le règne du "Bien Aimé" et de Louis XVI une place que l'on peut qualifier de considérable. Désormais inscrits dans notre mémoire, tous ces personnages, qu'à loisir vous pourrez retrouver en parcourant les registres d'état-civil, peuvent maintenant en toute tranquillité retourner à leur éternité.
     
     

     
   
© Olivier FAUVEAU - 2001    
     
     
Liens : http://www.vignacourt.free.fr  (Charles-François de Selle, fut châtelain seigneur en 1789 de la ville de Vignacourt - département de la Somme)
     
     

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