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Etienne Dominique Pierre Cureau de
Roullée
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1762 - 1842 |
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Maire du Mesnil-Saint-Denis, de l'Empire à la Restauration...
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tienne Dominique Pierre Cureau de
Roullée,
propriétaire du château du Mesnil-Saint-Denis de 1805 à 1835,
et
dont le nom est resté trop longtemps dans l'oubli, méritait de notre part
une attention toute particulière. |
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l naquit à Le Mans (Sarthe),
paroisse Notre-Dame de la Couture, le 3 août 1762.
on père Charles Pierre Cureau [1724-1789], originaire d'une ancienne
famille du Maine, était un grand propriétaire terrien. Déjà détenteur
d'environ 134 ha de terres à Cormes la Savatière, à Courceboeufs la Saulaie,
à Courgenard les Landes, à Lambron la Ragotière, à Neuville-Chapeau, au Mans
la Corne et aux Noyers, il achète de Claude Jean Nicolas Le Roy, seigneur de
Sanguin, le 11 mars 1756 devant Me Martel, les fiefs et
seigneuries de Roullée, Garennes, Bonnebos et du lieu des Petites Métairies,
moyennant 3.000 livres de rentes foncières perpétuelle, plus la somme de
60.000 livres.
Puis, par la suite, une vingtaine de fermes ou maisons sur le Mans,
Chevaigné, Epineu, Saint-Jean d'Assé, etc..., soit environ 580 ha, ce qui
lui valut d'être dénommé par ses contemporains "le plus riche bourgeois de
la ville du Mans".
'est lui qui fit véritablement prospérer la fortune des Cureau. |
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Eglise de Notre-Dame de
la Couture - Le Mans |
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Signature de Charles
Pierre Cureau |
l était alors écuyer et secrétaire
du roi, Maison, Couronne de France et de ses Finances. Associé au bureau
d'agriculture du Mans en 1766, il fut élu conseiller de ville en 1770 et le
5 juillet 1777, acheta pour dix mille livres, la charge de lieutenant de
maire de la ville du Mans.
Il fut connu également sous le nom de Cureau de la Moustière, du nom d'une
terre qui lui venait de sa femme, Marie Madeleine Pinceloup de la Moutière
[1727-1798].
'est elle qui apportera à la famille les terres de Préaux représentant une
superficie de près de 51 ha.
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e couple s'était
marié le 29 août 1746 à Nogent-le-Rotrou. Ensemble, ils eurent quatre
enfants : Charles Louis Laurent [1747-1750] ; Marie Charlotte [1752-1840],
Jean Charles Louis [1754-1778] et Etienne Dominique Pierre [1762-1842]. |
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Signature de Madelaine Pinceloup |
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arie Madeleine Pinceloup de la
Moustière était la fille d'Antoine Pinceloup [†
1756], conseiller du Roi, premier échevin de la ville de Nogent-le-Rotrou,
et de Marie-Louise Guerrier [† 1780].
armi les huit enfants qui composèrent cette famille, nous retiendrons plus
particulièrement ses deux frères : |
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Armes de la famille
Pinceloup de la Moustière |
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Jacques-François dit M. de la
Moustière [1723-1799], seigneur de Courgains et du Teil, négociant et
premier échevin de Nogent-le-Rotrou, conseiller et secrétaire du roi à la
Cour des Aides de Clermont-Ferrand, qui épousa en 1747, Charlotte-Marie
Cureau [1727-1785], dite Mlle des Landes, qui n'était autre que la propre
soeur de Charles Pierre Cureau, |
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et Charles-François Pinceloup de la Grange
[1716-1799], seigneur de Beaussinière et de Clinchamp, conseiller du roi,
contrôleur des Guerres, qui épousa en 1738 à Nogent-le-Rotrou, Magdeleine II
de Parseval [1713-1799].
eurs portraits peints par Jean-Baptiste Perronneau [1715-1783] sont
conservés au Getty Museum à Los-Angeles. |
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Charles-François Pinceloup
de la Grange [1716-1799] |
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Magdeleine II
de Parseval [1713-1799] |
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Armes de la famille
Cureau de Roullée |
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harles Pierre Cureau portait les
armes : d'argent au chevron d'azur, accompagné de trois flammes de
gueules 2 et 1. |
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Négociant en étamines, négoce qui était depuis plus
d'un siècle héréditaire dans sa famille, c'est en 1787 qu'il eut l'honneur
d'être nommé membre pour le tiers état, de l'Assemblée provinciale du Maine. |
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andis que l'heure de la Révolution
approchait, il assiste le 16 mars 1789 avec son fils Etienne Dominique
Pierre, comme membre de la noblesse à l'assemblée de son ordre, chargé de
nommer les députés des états généraux.
Sa charge de lieutenant de maire de la ville du Mans, qu'il remplit avec
intégrité, lui attire toutefois beaucoup d'ennemis.
Le petit peuple le haïssait, et la bourgeoisie, au-dessus de laquelle il
s'était élevé par sa nouvelle place, lui trouvait des manières arrogantes et
toute l'insolence d'un parvenu. |
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our adoucir la disette qui, affligeait depuis quelques mois la ville, conséquence des mauvaises récoltes,
M. Cureau avait prit la charitable habitude de distribuer aux pauvres du blé
qu'il faisait venir de son château de Nouans, près d'Alençon.
'est alors qu'éclatent sur la plus grande partie du pays, les événements de
la Grande Peur.
artout dans nos campagnes, que ce soit de Marseille à Strasbourg, de Rennes
à Lyon, de Saint-Malo à Dijon, des scènes de pillages, d'émeutes,
d'attentats et d'incendies déclenchent durant l'été, une terreur panique. |
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Dessin du château de
Nouans |
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insi, dans la nuit du 21 au 22
juillet 1789, un bruit se répandit dans tout le pays, que quatre mille
brigands (nom qu'on donna aux paysans révoltés) ravageaient la contrée et
venaient assiéger la ville de Ballon, située à quelques lieues de là.
M. Cureau y fut appelé pour tenter d'apaiser l'émeute.
Partout, l'on entendait sonner le tocsin. Les habitants qui avaient
confiance en lui, vinrent le trouver et lui demandèrent quelles mesures ils
avaient à prendre dans de telles circonstances.
M. Cureau essaya de les rassurer par ces paroles :
-"Mes amis,
ne craignez rien, ne sonnez point le tocsin, tenez-vous parfaitement
tranquilles, ceci n'est qu'une fausse alarme". |
Gravure du château de
Ballon |
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élas, à sa grande surprise, il
n'en fut rien. Bien au contraire, son discours provoqua dans la foule une
fureur extrême. C'est alors que plusieurs forcenés se mirent à jurer après
lui : -"Nous le croyons bien, que M. Cureau ne craint rien. C'est lui qui
est le chef de tous ces brigands, il est accapareur, blatier, il achète la
récolte sur pied".
M. Cureau était alors accompagné de son gendre Balthazar Michel, comte de
Montesson [1748-1789] chevalier, officier au régiment du Roi. Ce dernier
s'interposa et voulut parler en faveur de son beau-père.
a foule, forte d'environ cinq ou six cent paysans venus de Nouans, de
Meurcé, de Lucé et des autres paroisses voisines, s'enflamma, redoublant de
cris, de huées et d'injures.
Les malheureux furent renversés et traînés à terre. On les jetait de main en
main, on les foulait aux pieds, on leur crachait à la figure, on les
souillait d'ordures.
es deux hommes furent alors séparés. M. Cureau reçu un coup de faux qui lui
coupa la joue, tandis qu'un homme lui appliqua un coup de bâton sur la tête,
pendant qu'un autre le frappait à l'épaule avec une vouge. |
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uis l'on traîna le malheureux Cureau dans les fossés du château. Là, étendu sur le dos, mille bras se
levèrent pour lui porter le dernier coup. Le comte de Montesson fut, quant à
lui, tué à coups de fusil. Cinquante fusils et pistolets le laissèrent mort
sur place.
Après leur avoir coupé le nez et les oreilles, un charpentier, à l'aide
d'une bisaiguë, sépara leur tête du tronc.
Leurs têtes furent mises au bout d'un croc et promenées en triomphe dans la
ville par une femme, au milieu des cris et des hurlements d'une foule de
plus en plus acharnée. On obligea même des enfants, de les porter au bruit
du tambour et au son des violons. Cette journée appelée "le jeudi noir"
restera gravée dans la mémoire de collective de la ville de Ballon. |
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e double
assassinat, fut un des premiers crimes de la Révolution française. |
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e 3 décembre 1789, les assassins
de M. Cureau et du comte de Montesson furent exécutés. L'un d'eux fut roué
vif, un autre fut pendu, un marqué aux deux épaules et un autre envoyé aux
galères perpétuelles. |
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. Cureau laissait une fille la
marquise de Montesson, et un fils, Etienne Dominique Pierre Cureau de
Roullée.
Sa femme, Marie Madeleine Pinceloup de la Moustière, fuit la ville et émigra
en Suisse. Tous ces biens furent alors séquestrés. Puis elle se retira dans
une communauté à Alençon, avant de revenir en 1797 au Mans où elle mourut à
son domicile [l'hôtel particulier des Cureau, était situé à l'angle de la
place des Halles et de la rue du Port] d'une hydropisie de poitrine le 18
pluviôse An VI [6 février 1798], âgée de 70 ans. |
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près ses douloureux événements,
Mme de Montesson, née Marie-Charlotte Cureau [1752-1840] émigra en Suisse
avec son fils René Charles de Montesson [1780-1850]. Puis elle passa en
Italie pour finalement échouer en Allemagne. Le marquis René Charles de
Montesson entra en juin 1795 à l'armée des Princes, en qualité de
sous-lieutenant au régiment de Dauphin-Cavalerie et passa ensuite au
régiment noble d'Angoulême. Il fit toutes les campagnes de cette armée et
fut honoré de l'amitié de Mgr le duc de Berry.
tienne Dominique Pierre Cureau de Roullée alla s'installer dans la
propriété de sa tante Marie Catherine Jeanne Cureau, au château de Goulet
près d'Argentan (Orne).
elle-ci, veuve en première noce de Jacques Bernard de Le Coiffrel, seigneur
de Meheudin et La Lande, s'était remariée en 1749 en seconde noce à Joseph
Nicolas des Brosses, baron de Goulet [1718-1793], lieutenant colonel de
cavalerie, capitaine au régiment de Bellefonds, plus tard colonel du
régiment de Chartres, maréchal de camp et commandeur de l'ordre royal et
militaire de Saint-Louis. |
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uis, il vint s'installer à
Versailles, dans l'hôtel des Inspecteurs des Bâtiments, rue du Potager.
'est dans cette ville qu'il rencontre Marie Eulalie de Beaurepos Desilles,
qui deviendra son épouse le 9 frimaire An IX [30 novembre 1800]. Née en 1776
à la Nouvelle Orléans, elle était la fille de Louis Jouffroy de Beaurepos,
ancien officier, et de Esther Etienne. Selon les dires de M. Cureau Deforges,
oncle d'Etienne, Marie Eulalie était sans fortune. |
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Signatures de Etienne
Dominique Pierre Cureau de Roullée et de son épouse Marie Eulalie de
Beaurepos Desilles |
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e couple aura deux fils, Edmond
Charles Marie, né à Versailles le 2 frimaire An X [23 novembre 1801], et
Ernest Marie Joseph, né à Versailles le 20 brumaire An 12 [12 novembre
1803].
A la naissance de leur deuxième enfant, le couple de Cureau ira s'installer
au n° 26, rue de Satory, dans un bel immeuble XVIIIe siècle,
acheté devant Me Deloche, notaire à Paris, le 11 ventôse An 11 [2
mars 1803] à Marie Françoise Beresvill, divorcée de Jean-Baptiste Robillard,
garde de la porte de Monsieur Frère du Roi.
Le même jour, ils en profitent pour signer et faire enregistrer une donation
mutuelle entre époux. |
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uis le 13 germinal An XIII [3
avril 1805] par devant Me Cabal, notaire à Paris, Etienne Dominique Pierre
Cureau de Roullée et sa femme Marie Eulalie de Beaurepos Desilles, achètent
le domaine du Mesnil-Saint-Denis à Anne Catherine de Selle, moyennant la
somme de 296.575 francs. |
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Château du
Mesnil-Saint-Denis - XIXe siècle |
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rès tôt, il participe à la vie de
la commune, et se sent proche des villageois qui l'adoptèrent très
rapidement.
e 22 mai 1808, il est nommé pour remplir les fonctions de maire. Devant
Michel Bergé, ancien maire, il promet "obéissance aux Constitutions de
l'Empire et fidélité à Sa Majesté l'Empereur et Roi et de remplir les
fonctions avec exactitudes". Il eut pour adjoint M. Pierre Duguet. |
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uis arrive la chute de l'Empire en
1814. Napoléon fait ses adieux à Fontainebleau le 20 avril, et Louis XVIII
revint sur le trône de France. Il n'y restera que quelques mois, puisque le
19 mars 1815, il quitte les Tuileries dans la nuit, tandis que le 20 mars
suivant, l'Empereur fait une arrivée triomphante à Paris. |
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Au mois de juin, Etienne Dominique
Pierre Cureau de Roullée quitte ses fonctions de maire.
Durant les Cent Jours, il sera remplacé par Jean Grosse, notaire. Ce dernier
fut maire du 18 juin au 8 juillet 1815. |
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e 8 juillet 1815, Louis XVIII,
sorti précipitamment de Paris, y rentrait pour la seconde fois pour
poursuivre son règne. Le lendemain, M. Cureau de Roullée reprend sa place de
maire, en remplacement de Jean Grosse, démissionnaire. |
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Nouvel édile de la commune, il prête alors le
serment suivant : |
"Je jure et promets à Dieu de
garder obéissance et fidélité au Roy, de n'avoir aucune intelligence, de
n'assister à aucun conseil, de n'entretenir aucune ligue qui serait
contraire à son autorité et si dans le ressort de mes fonctions ou ailleurs,
j'apprends quelque chose à son préjudice, je le ferai connaître au Roy".
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. Pierre Guiard, cultivateur, sera son adjoint. |
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e 12 août 1821, Etienne Dominique
Pierre Cureau de Roullée est reconduit dans ses fonctions, au même titre
d'ailleurs que son adjoint M. Pierre Guiard. |
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Les 27, 28 et 29 juillet 1830,
Paris connaît trois journées d'insurrection populaire, dites des Trois
Glorieuses. Après les émeutes, la Monarchie de Juillet, proclamée le 9 août
1830, succède en France à la Restauration. Charles X est contraint de
laisser le trône à son cousin, le duc d'Orléans, futur Louis-Philippe Ier. |
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près ces agitations, Etienne
Dominique Pierre Cureau de Roullée est suspendu de ses fonctions de maire de
la commune du Mesnil-Saint-Denis par le sous-préfet de Seine-&-Oise.
Estimé et respecté de tous ses concitoyens, il assurera ses fonctions de
maire jusqu'au 27 février 1831.
e 2 mars suivant, il est remplacé par M. Jacques Robine.
Parmi le nombre important d'actes d'état-civil qu'il signera durant ces
différents mandats, nous retiendrons tout particulièrement un acte de
mariage, celui de Chamans Charles Dugué, arpenteur, avec Augustine Désiré
Delamain.
n effet, assistèrent à cette union, célébrée le 9 août 1826, Martin-Guillaume Biennais, orfèvre attitré de l'Empereur Napoléon Ier,
qui résidait alors au château de La Verrière, situé sur la commune voisine,
et Louis Delessard, notaire royal du Mesnil-Saint-Denis.
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Signature du Maire :
Etienne Dominique Pierre Cureau de Roullée |
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tienne Dominique Pierre Cureau de
Roullée et Martin-Guillaume Biennais durent se voir et se fréquenter de
façon régulière, se rendant visites habituellement l'un chez l'autre.
Effectivement, nous les retrouvons une nouvelle fois, en 1829, pour célébrer
un événement important de la vie communale, le baptême des nouvelles
cloches. La bénédiction fut faite par Pierre Lhermitte, curé de la paroisse.
La petite cloche, qui à environ 0m80 de diamètre, reçu le nom de
Henriette Marie. Elle eut pour parrain Pierre Louis Herson,
propriétaire, et pour marraine Dame Henriette Marie Martin, née Vendenbrouck.
La grosse, mesurant 1m de diamètre, s'appellera Marie Eulalie. Elle
eut pour parrain Martin-Guillaume Biennais, propriétaire du domaine de La
Verrière, et pour marraine Marie Eulalie de Beaurepos Desilles, épouse de M.
Cureau de Roullée, propriétaire de la terre du Mesnil-Saint-Denis.
La bénédiction fut célébrée en présence du maire, M. Cureau de Roullée,
Jean-Baptiste Anfry, adjoint, Gaspard Maillard, président, Jean Delalande,
Pierre Duguet, René Veillard, marguilliers.
es cloches sont signées par Limaux et Mahuet, fondeurs à Champigneulles et
à Dreux, à qui l'ont doit de nombreuses cloches religieuses et civiles de la
région. |
Martin-Guillaume
Biennais |
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gronome distingué, M. Cureau de
Roullée, fut membre de la Société d'Agriculture de Seine-&-Oise. Grâce aux
rapports établis par cette société, on sait qu'il possédait au château du
Mesnil-Saint-Denis en 1820, un des plus beaux troupeaux mérinos de France.
Il y avait fait même construire de très belles bergeries. |
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n agriculteur émérite, il est
reconnu par les siens. Dans son rapport du 5 janvier 1819, sur la culture de
pomme de terre, la Société d'Agriculture le cite pour exemple :
-"Bien
des gens ont cru devoir se hâter, en ce moment, de retirer de la terre le
faible produit qu'elle pouvait leur offrir ; mais ils ont été dupes de leur
empressement. Ils n'ont récolté que des pommes de terre d'un très petit
volume ; tandis que cette végétation inattendue s'étant prolongée jusques
aux gelées de la fin de novembre, les retardataires ont été récompensés de
leur confiance par une assez belle récolte. Et même un de nos confrères, M.
de Roullée, qui cultive au Mesnil-Saint-Denis, ayant attendu en septembre,
pour faire une plantation qu'il ne voulut pas risquer pendant les chaleurs,
en a obtenu un très bon produit".
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ar arrêté
préfectoral en date du 17 mars 1818, il est autorisé à établir une
distillerie d'eau-de-vie sur sa propriété. |
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'amitié qu'il entretenait avec le
député Antoine François Philippe Dubois Descours de La Maisonfort
[1763-1827], nous est connu grâce à quelques lettres ayant échappées aux
injures du temps.
Dubois Descours de La Maisonfort, dans un de ses écrits daté du 14 septembre
1815 lui confiait :
- "Je n'ai pas tous les jours, Monsieur, la bonne fortune de revoir des
amis de 35 ans, mais bien le malheur de recevoir des gens qui, me supposant
un crédit que je n'ai pas, me demandent ce que je ne peux pas leur donner.
Cela commence à 9 heures, à 7 même, et ne finit jamais. Je me suis donc en
conséquence réservé deux ou trois heures pour ma correspondance, pour lire
les journaux, pour déjeuner, pour respirer, enfin pour exister".
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Signature de Antoine
François Philippe Dubois Descours de La Maisonfort [1763-1827] |
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ette lettre est rédigée au moment
où le marquis de La Maisonfort fut nommé, en 1815, maréchal de camp,
conseiller d'état et membre de la Chambre des députés.
Qui était cet ancien général, homme de lettres à ses heures, qui entra à la
rédaction de la Quotidienne où il gagna beaucoup d'argent et acquit
comme auteur de romances une certaine célébrité ?
l était au moment de la Révolution, sous-lieutenant dans les gardes du
corps, à la compagnie de Gramont. Puis il émigra, fit la campagne de 1792,
et après le licenciement de l'armée des Princes, fonda une imprimerie avec Fauche-Borel à Brunswick, puis remplit des missions politiques en Russie et
en Angleterre. Rentré en France au début du Consulat, il fut arrêté et
interné à l'île d'Elbe d'où il s'échappa. Il prit alors du service dans
l'armée russe. Il revient à Paris avec les Bourbons. Il sera nommé chevalier
de la Légion d'honneur. N'ayant pas été réélu député en 1817, le
gouvernement le nomma directeur extraordinaire de la couronne, puis l'envoya
en 1820, comme ministre plénipotentiaire en Toscane. Il décèdera subitement
à Lyon le 2 octobre 1827. |
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ue pouvons nous dire, à présent, au
sujet des enfants du couple de Cureau ? |
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Signature de Edmond
Charles Marie Cureau de Roullée |
dmond, l'aîné, sera nommé sous-lieutenant de la Garde Nationale du Mesnil-Saint-Denis, par délibération du conseil municipal en date du 17
avril 1831, il est âgé de 30 ans.
Il prête alors le serment au roi Louis-Philippe :
- "Je jure fidélité au
Roi des Français, obéissance à la Charte constitutionnelle et aux lois du
Royaume".
n remarquera, dans ce serment simple et bien plus dépouillé que les
précédents, que Louis-Philippe n'est plus "roi de France" mais "roi des
Français".
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uis, le 19 juin de cette même
année, par délibération du conseil municipal, il est nommé premier
lieutenant de la Garde Nationale.
Le dimanche 9 octobre 1831, Edmond Charles Marie Cureau de Roullée est nommé
conseiller municipal, comme nous l'indique le procès verbal de
l'installation du conseil municipal, rédigé par le secrétaire dans le
registre des délibérations de la commune.
Jacques Robine est élu maire, Pierre Gabriel Delamain, adjoint, et messieurs
Pierre Martin, Jacques Augustin Chartier, Henri Martin, Pierre Petit fils,
Henri Antoine Sponi, Denis Leroy, Louis Pierre Haye, François Grésillon
(fils d'Antoine), Pierre Duguet, conseillers. |
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'est à cette époque de sa vie,
qu'il correspond avec Adèle de Laprunarède [1808-1871], qui fut en 1832, la
première liaison de Franz Liszt.
Une très belle lettre datée de Genève, le 17 décembre 1830, atteste de cette
amitié.
réquentant les salons parisiens à la mode, amie très proche de la comtesse
Marie d'Agoult, on peut se laisser à penser, qu'Adèle de Laprunarède permit à Edmond de Cureau d'entretenir durant cette période romantique, des
fréquentations mondaines, littéraires et musicales de renom.
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Adèle de Laprunarède
[1808-1871]
Franz-Liszt-Museum |
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Lettre adressée par
Adèle de Laprunarède à Edmond Charles Marie Cureau de Roullée
Genève - 17 décembre 1830 |
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e 25 juin 1838,
dans la ville de Torr, située dans le comté de Devon (Angleterre), il épouse
Ann Scott, fille du général William Scott
[† 5
juin 1836], propriétaire du manoir de Thorpe House situé à Thorpe, village
dans le Surrey aux alentours d'Egham, petite ville près de Windsor, sur la
Tamise.
a
jeune femme décédera malheureusement peu de temps après en avril 1845. |
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Manoir de Thorpe House |
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e 24 juin 1847, il
se remarie en l'église Saint Marylebone de Londres, avec une Anglaise
dénommée Marie Patience Blackett.
Née le 24 octobre 1806 à Londres, elle était la fille de sir William
Blackett [1759-1816] et de Mary Anne Keene [1782-1859], propriétaires du
château de Sockburn Hall, situé près de Darlington, dans le comté de Durham.
lle décède à
Bayonne, au château de Gaillat, le 19 février 1887. |
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Armes de la famille
Blackett |
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dmond Charles
Marie Cureau de Roullée est quant à lui, décédé le 29 décembre 1876 à
Bayonne. |
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rnest Marie
Joseph, qui était le fils puîné, est l'unique membre de cette famille pour
lequel nous avons retrouvé un portrait. |
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énommé le vicomte
de Roullée, il épousa comme son frère, une jeune Anglaise, Clara Mitchell
[1815-1905], le 16 mai 1838 à Versailles, où il résidera chez ses parents.
ur ce portrait,
oeuvre de jeunesse, exécuté par Jules Alexandre Duval Lecamus [1814-1878],
Ernest de Roullée est représenté, alors âgé d'environ 30 ans, en tenue de
lanciers.
Il porte la kurtka noire, la shapska rouge à plumet noir, les épaulettes
d'argent et le pantalon garance.
La large bordure rouge qu'il arbore au collet, est le signe distinctif du 4ème
régiment de lanciers cantonné à Thionville.
on grade est
reconnaissable à son épaulette, qui n'est pas d'argent uni comme celle des
capitaines commandants, mais bordée d'un cordon rouge caractéristique des
capitaines en second.
C'était un officier d'allure martiale.
l portait de
belles moustaches relevées à la manière "Kaiser" [le port des moustaches par
les officiers avait été rendu obligatoire en 1832], et comme tous les
élégants, il portait les favoris, reflets de la mode parisienne de ce milieu
du XIXème siècle.
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Ernest Marie Joseph
Cureau, vicomte de Roullée
peint par Jules Alexandre Duval Lecamus |
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Signature de Ernest
Marie Joseph Cureau |
Signature de Clara Mitchell |
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e couple aura une
fille unique, prénommée Clara Blanche, qui naquit à Versailles le 10 avril
1841. Elle fera un beau mariage en épousant le 24 juillet 1861 dans cette
même ville, Ferdinand Marie Philibert Berthier de Grandry. |
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e jeune homme
appartenait à une famille distinguée de l'Auxerrois, dont le grand-père et
un grand oncle étaient officiers généraux sous le premier Empire. Né
le 19 janvier 1832 à Sémur (Côte d'Or), il sorti de l'école polytechnique en
1854, pour entrer à l'Ecole d'application de Metz. Puis il mena une
brillante carrière militaire, passant par tous les grades.
Nommé lieutenant en 1859, il fit la campagne d'Italie, puis capitaine en
1870-71, il fit la campagne contre d'Allemagne et le second siège de Paris.
Dès lors ses mérites et ses services étant justement appréciés, il fut nommé
successivement chef d'escadron en 1872, lieutenant-colonel en 1878, colonel
en 1882, pour finir, en février 1888, général de brigade au 32e
régiment d'artillerie. Il sera élevé au grade d'officier de la Légion
d'honneur le 7 juillet 1885.
ictime d'un
accident au cours d'une promenade à cheval, il décèdera le 10 avril 1889.
Ses obsèques furent célébrées le 14 avril suivant à Angoulême. Son épouse
décédera à Bayonne en 1917.
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Armes de la famille de
Berthier de Grandry |
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Signature de Clara
Blanche Cureau de Roullée |
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rnest Marie Joseph
Cureau de Roullée décède à l'âge de 59 ans, le 15 mars 1864 à Bayonne, au
château Gaillat, situé dans le quartier Saint-Léon. |
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ais
revenons à Etienne Dominique Pierre Cureau de Roullée. |
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e 1815 à 1831, M.
Cureau de Roullée effectua des emprunts considérables par l'entremise de son
notaire, Me Beaudemon de la Maze. Les capitaux empruntés étaient
déposés dans l'étude de ce notaire, et employés selon les besoins de M. de
Roullée. |
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ant est si bien
qu'en 1835, le couple était criblé de dettes, et pour les payer, il fut
contraint de mettre en vente le domaine familial afin de satisfaire leurs
créanciers, au nombre desquels figurait bien entendu Me Beaudemon
de la Maze ainsi que Mme Ester Pélagie Dubochet de Vins [1760-1843]. D'une
très bonne famille de Bretagne, de la région de Nantes, cette dernière était
veuve de Etienne Clavier [1762-1817], ancien conseiller au Châtelet de Paris
et professeur au Collège de France. |
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'est donc, à la
date du 25 septembre 1835, que l'Annonciateur, journal d'annonces
judiciaires de Rambouillet, publie l'annonce de la vente aux enchères du
domaine du Mesnil-Saint-Denis.
Composé du château et de ses dépendances, des fermes de Beaurain, de la
Roche, de Rhodon, du Mousseau, ainsi que de nombreuses pièces de terre et
pré, sa mise à prix fut fixée à 650.000 francs.
'est Me
Jacques Baudemon de la Maze, notaire, qui fut en charge de cette vente sur
publications judiciaires, par suite de conversion.
e château aurait
été adjugé à André Claude Alphonse, baron de Guenifey de Savonnière,
propriétaire, demeurant à Paris, 38 rue Chantereine, suivant le
procès-verbal dressé en la Chambre des Notaires de Paris par Me
Jacques Beaudemon de la Maze, le 8 décembre 1835 à la requête de Etienne
Dominique Pierre Cureau de Roullée.
'adjudication au
profit du baron de Guenifey aurait eut lieu en exécution d'un jugement
contradictoirement rendu par le Tribunal civil de Première Instance de
Rambouillet le 1er mai 1835, par lequel le Tribunal avait
converti en vente sur publication volontaire les poursuites de saisies
immobilières dirigées contre M. de Roullée. |
Annonce de la vente du
domaine du Mesnil-Saint-Denis
publié dans le journal l'Annonciateur le 25 septembre 1835 |
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ndré
Claude Alphonse de Guenifey de Savonnières était né le 1er juillet 1798 à
Paris 5e ancien. Il fut baron, garde du corps et page de Louis XVIII. Le 4
février 1834, à Paris 1er ancien, il épouse Marie Claudine Barbet de Jouy,
née le 15 octobre 1810 à Canteleu (76), fille de Just Barbet fabricant
d'indiennes [autorisé par décret du 2 juillet 1859 à s'appeler Barbet de
Jouy], et de Claudine Victoire Arnaud-Tizon.
Marie décèdera le 16 février 1873, et André le 24 août 1877, tous les deux
au Landin (27). |
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inalement,
le 27 août 1836, le château fut définitivement adjugé par jugement du
tribunal civil de Rambouillet à Claude-Pierre Gauthier, bâtonnier et doyen
de l'Ordre des Avocats de Versailles, et à son épouse Françoise Elisabeth
Rabourdin, pour une somme de 426.400 francs, tandis qu'une grande partie des
terres seront acquises par le comte Charles Edmond Marie de Croix et
de Heudin [1807-1863], un ami proche de Clara Blanche Cureau de Roullée. |
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près
la vente du château, Etienne Dominique Pierre Cureau de Roullée se retire à
Versailles au 51, rue de Satory, où il décède le 24 mars 1842.
es témoins qui
assistèrent à ses derniers moments furent Jean Joseph Ange Ferdinand de
Cappot [1797-1875], garde du corps du Roi Charles X, capitaine de cavalerie,
et Sylvain Mathias Emmanuel Baudard de Sainte James [1805-1879], avocat,
membre de la Société de Statistique Universelle, membre titulaire de la
Société des Sciences Morales et Belles Lettres et Arts de Seine-&-Oise. |
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on
épouse, la comtesse douairière Marie Eulalie de Beaurepos, finira sa vie à
Bayonne, au château de Gaillat, où elle s'éteint bien des années plus tard,
le 10 décembre 1863, à l'âge de 90 ans. |
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'est
ainsi que se termine l'histoire de cette famille, dont le nombre restreint d'enfants a provoqué la disparition du lignage. |
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tienne Dominique Pierre Cureau de Roullée aura été
maire du Mesnil-Saint-Denis pendant vingt-trois années, de 1808 à 1831. |
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© Olivier FAUVEAU - 2012 |
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