Les intérieurs
     
   

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La chapelle

   
     
onstruite en 1884 par l'architecte Victor Hue de la Colombe, officier de l'Académie, ex-inspecteur de la ville de Paris, sur la demande de la famille Husson-Carcenac. La bénédiction fut célébrée les 21 et 22 juillet par Monseigneur Pierre-Antoine Paul Goux, évêque de Versailles. La plaque commémorative en marbre blanc gravée et provenant du château est conservée dans le monastère du Fort-Manoir. Il existait au XVIIe siècle une chapelle, curieux édifice de plan centré, couvert d'une coupole ovale, situé à l'emplacement du pavillon de droite. On la connaît d'après les documents dessinés par François La Pointe en 1693.Absente sur le cadastre de 1819, il n'en reste plus aujourd'hui que le soubassement en saillie sur le fossé de la tourelle qui servait de sacristie.
     

     
     
e qui frappe le visiteur en entrant est le splendide plafond à quatorze caissons encadrant des toiles d'école française du XVIIe siècle, avec une inspiration sensible de Simon Vouet. La rangée centrale comprend cinq caissons. Le premier représente "La possession de soi", dans les quatre autres caissons se détachent les allégories des vertus cardinales : la Force, la Tempérance, la Prudence et la Justice. Des scènes enfantines, neuf en tout, aux tons pastels, se détachent sur fond bleu et terminent l'ensemble restauré en 1992.
     

     
ne cheminée de style médiéval (XVe-XVIe) fut installée en remplacement du maître-autel en marbre, oeuvre des marbreries Viegl à Menton (XIXe) offert par Henry-Gustave Carcenac, maire du IIe arrondissement de Paris. Il se trouve depuis le 23 octobre 1927 au Monastère du Mousseau.
A signaler pour le reste du décor, une très belle porte en chêne ornée de pentures et d'un guichet grillé, ainsi qu'une plaque de cheminée frappée aux armes des familles Habert de Montmor et de Budé. Enfin signalons, les très beaux vitraux, dus au maître verrier Emile Hirsch (1832-1904). Cet artiste né à Metz, entra à l'école des Beaux-Arts et se forma sous la direction d'Eugène Delacroix et de Hippolyte Flandrin. Il figura au Salon de Paris de 1852 à 1880 avec des portraits et des cartons pour vitraux d'églises. Il se spécialise dans les grandes compositions à sujets historiques qui à la faveur des luttes religieuses de la IIIe république sont souvent choisis par les commanditaires. On lui doit la restauration des vitraux de la Cathédrale de Chartres, ainsi que les vitraux des églises Saint-Séverin et Saint-Thomas d'Acquin à Paris, de la Cathédrale Saint-Louis à La Rochelle (Saint-Louis et Sainte Jeanne d'Arc) ainsi que ceux de la chapelle du Collège des jeunes filles de Pessan (Gers). Les vitraux de la chapelle du château du Mesnil-Saint-Denis représentent l'apôtre Saint-Pierre (1884) et l'apôtre Saint-Paul.
     

Vitrail représentant Saint-Pierre - 1884
Emile Hirsch (1832-1904)

 

Vitrail représentant Saint-Paul - 1884
Emile Hirsch (1832-1904)

     
u début du siècle dernier la chapelle était ornée d'un beau bénitier en bois sculpté par Guignault, et d'un très remarquable tableau de l'école du Pérugin.
   

Les Salons

   
     
u rez-de-chaussée du château se trouvent les pièces d'apparat. Nous pénétrons en premier lieu dans le vestibule où nous apparaît à gauche l'escalier d'honneur "à la française" avec sa splendide rampe en fer forgé à doubles volées. Sa beauté fait qu'elle est citée dans l'acte de vente de 1737. L'escalier est en pierre jusqu'au premier étage, puis en chêne et tomettes pour le second. Dans la montée d'escalier se trouve alignée une série d'estampes du XVIIe siècle, représentant la lignée des Habert de Montmor. Donation d'Olivier Fauveau, auteur des ouvrages sur l'histoire de la ville, elles sont dues aux artistes Pierre Daret, Claude Mellan et Nicolas de Plattemontagne.Face à nous l'ancienne salle à manger d'hiver, transformée depuis 1952 en bureau de l'état-civil. Cette pièce possède un plafond voûté d'arêtes et une très belle cheminée en pierre sculptée, d'époque Renaissance. Elle est très probablement la seule qui pourrait remonter à l'origine du château. Autre décor intéressant dans cette pièce, deux très belles portes. La première qui nous permet d'entrée est une très vieille porte en chêne massif sans aucun doute réemployée. Cette porte double à pentures grossières était très certainement une porte d'extérieur. La seconde, à l'intérieur de la pièce est d'une très belle finesse. Cette double porte en chêne, date du XVIIe siècle. Elle est finement ouvragée et percée d'arcades à balustres. Il pourrait s'agir d'une porte de clôture de chapelle.
     

     
n sortant de cette pièce dirigeons-nous vers la bibliothèque. Autrefois "Cabinet de la Salle de Billard" ce salon accueille de nos jours la bibliothèque du château et des expositions. Au XVIIe siècle, elle servait à la fois de salle de réception et de bibliothèque. Celle-ci fut en partie détruite durant la guerre de 1870. D'un simple coup d'oeil, le visiteur est troublé par la beauté des décorations des lambris du commencement du règne de Louis XIII. Ils sont l'oeuvre des Frères Pascallon, Claude et Guillaume, peintres qui procédèrent avec leur père André à la décoration des chambres, cabinets et escalier du château de Dampierre, sous la direction de Claude de la Jaille (1590-1645).
     

     
e plafond polychrome dit "à la française" de cette pièce est lui aussi d'une grande beauté. Mais la pièce majeure de la bibliothèque est sans aucun doute cette magistrale cheminée en bois peint et sculpté qui orne tout un pan de mur. Datant du XVIe siècle, cette cheminée provient de Sully-sur-Loire (Loiret) du château du grand maître de l'artillerie Sully, ministre d'Henri IV. Sur le manteau de la cheminée ont peut lire les "chiffres" de Sully et de ces deux épouses, subtils entrelacs de leurs initiales respectives "M.B.S" sommées d'une couronne ducale (Maximilien de Béthune-Sully) et "C.C.S" (Anne de Courtenay et Rachel de Cochefilet Sully). Au centre du linteau cet autre cartouche qui porte l'inscription latine "An qui amant ipsi sibi somnia fingunt" : Ceux qui aiment forgent-ils pour eux mêmes des songes. Tirée du livre Les Bucoliques de Virgile (70-19 av. J.C.), cette phrase est une partie du vers 108 de l'églogue VIII : Les Enchantements.
Le médaillon central du manteau est depuis peu à nouveau orné du portrait d'Henri-Louis Habert de Montmor.
Il s'agit ici d'une copie du tableau que Philippe de Champaigne réalisa en 1667 pour le propriétaire. Elle est l'oeuvre d'un jeune artiste nîmois Florent Brouzet, diplômé de l'école d'Avignon. L'original quant à lui a disparu très probablement vers 1950 suite au départ de Milton Reynolds. Un autre cartouche couronne l'ensemble "Quo jussa jovis" : Je vole où Jupiter ordonne. Cette devise est encore aujourd'hui sur le plafond de la chambre à coucher de Sully au château de Sully-sur-Loire.
 

     
aisant suite à ce salon, se trouve le grand vestibule donnant sur la cour et les jardins, autrefois la salle de billard. Là aussi lambris et plafond sont décorés et peints sur fond de grisaille. Le sol poli de pierre blanche et noire est orné d'une rose des vents. En prolongement nous pénétrons dans le pavillon de droite où se trouve le petit salon, aujourd'hui bureau du Maire. C'est dans ce salon que fut tournée en grande partie les intérieurs du célèbre feuilleton "Janique Aimée" réalisé par Jean-Pierre Desagnat en 1963 avec Janine Vila, Alice Sapritch, Colette Teissèdre et Samson Fainsilbert, Michel Barbey, Paulette Dubost et Michel Bardinet pour les acteurs principaux. La décoration aujourd'hui est sobre, à noter cependant une très belle cheminée en marbre d'époque XVIIIe siècle, sur laquelle on pouvait encore en 1899, contempler un portrait en pied d'époque Louis XIV, représentant Jean-Louis Habert de Montmor, intendant des Galères à Marseille. Sur le contrecoeur de la cheminée on peut voir l'autre plaque de fonte (XVIIe) frappée aux armoiries des familles Habert de Montmor et Budé. Les écus sont entourés du collier de l'ordre de Saint-Michel et timbrés d'un heaume et coiffés d'une couronne à bonnets, la date de 1500 commémore la date de l'union des deux familles.
     

     
présent, nous voici dans le grand salon, tel qu'il était dénommé autrefois par les érudits du XIXe siècle. Cette pièce est aujourd'hui la salle de réunion du Conseil Municipal. Les murs sont ornés de boiseries (XVIIIe), autrefois peintes en blanc et or, ornées de glaces et de trumeaux sculptés (instruments de musiques). Jusqu'en 1927, date du départ de la famille Husson, le château renfermait dans cette pièce quatre grandes toiles datées de 1731, représentant des paysages, dues au peintre Christophe Huet, auquel on doit les deux cabinets dit "des Singes" à l'Hôtel Rohan-Soubise à Paris et à Chantilly. On ne sait aujourd'hui ce qu'elles sont devenues. Le cul-de-four surmontant la porte d'entrée du salon est lui aussi orné de sculptures. Une cheminée en marbre d'époque XVIIIe siècle dans laquelle se trouve une plaque frappée aux armes des familles Habert de Montmor et Rochefort d'Aloigny (le Grand Condé est à l'origine de cette alliance) et des lustres datant de la seconde moitié du XIXe siècle terminent le décor de la pièce.
     

Tableau de Christophe Huet (1700-1759)

   
     
enri Husson, maire de la commune de 1888 à 1927, était un amateur d'art incontestablement avertis. En effet grâce aux artistes que M. Carcenac côtoyaient dans le cadre de ses fonctions officielles pour l'organisation des Expositions Universelles, la famille Husson faisait régulièrement l'acquisition d'oeuvres nouvelles, celles-ci venant parfaire le cadre de vie de la famille. Dans la collection d'Henri Husson en 1889 ont retiendra des oeuvres de : le Pérugin (1448-1523) ; Antoine Van Dyck (1577-1640) ; Gabriel Franck (1590-1639) ; Georges Lallemant (1575-1636) ; Pieter van Laer (1592-1642) ; Peter Bonaventure (1614-1653) ; Antoine Coypel (1661-1722) ; Jean-François de Troy (1679-1752) ; Jean-Baptiste Oudry (1686-1755) ; Bernard Lepicié (1735-1784) ; Jean-Baptiste Mallet (1759-1835) ; Georges Michel (1763-1843) ; Elisabeth Chaudet-Husson (1767-1832) ; François-Louis Lanfant de Metz (1814-1892) ; Eugène Delacroix (1798-1863) ; Ernest Meissonnier (1815-1891) ; François Bonvin (1817-1887) ; Louis Duveau (1818-1867) ; Philippe Rousseau (1816-1887) ; Benjamin de Fichel (1826-1895) ; Jean de Gudin (1802-1880) ; Philibert-Léon Couturier (1823-1901) ; Louis Français (1814-1897) ; Eugène Deshayes (1828-1890) ; Arsène d'Haussy (1830-1870) ; Louis Mouchot (1830-1891) ; Jules Noël (1815-1881) ; François Reynaud (1825-1909) ; Jules Rozier (1821-1882) ; Fabius Brest (1823-1900) ; Narcisse Diaz de la Pèna (1807-1876), Petrus Van Schendel (1806-1870) ; Emile de Salmon (1840-1913) ; Albert Carrier-Belleuse (1824-1887) ; Jules Franceschi (1825-1893) ; Emile Gallé (1846-1904) ; sans oublier l'ami de la maison, le peintre sculpteur Edouard-Henry Lombard (1855-1929).
     

L'étage noble

   
     
e premier étage ou "étage noble" était au XVIIe siècle composé de sept appartements de maîtres et de garde-robes. Grace aux inventaires de 1676 et 1718 nous pouvons connaître la décoration de chacune des pièces. Quelles soient appelées "Chambre rouge" "Chambre Verte", "Chambre Jaune", "Chambre Blanche" ou "Chambre des Empereurs", chacunes d'elles avaient sur ses murs des tapisseries de Rouen, de Paris, des Flandres, d'Anvers, de Lyon ou de Bergame, représentant le plus souvent des paysages ou des personnages de la mythologie. Le mobilier était principalement en bois de noyer ou d'ébène, les tables en marbre ou garnies d'incrustations d'écailles de tortues. Sur celles-ci étaient jetés des tapis de Turquie ou de Perse. Les chaises, les fauteuils et les lits de repos étaient couvert de moquette, de tapisserie à fleurs, de brocatelle de Venise, de velours cramoisis, de satin, de brocart de soie ou encore de serge de couleur verte. Les rideaux étaient de futaine à grains d'orge, de feutre, de serge ou encore de petite-venise. La plupart des pièces renfermaient des bustes en marbre ou en bronze aux effigies de la Reine d'Espagne, d'Henri IV, d'enfants et de femmes, de personnages de la mythologie, et même un buste d'Aristote. Sans oublier bien sûr l'admirable collection de tableaux de maîtres que possédait Henri-Louis Habert de Montmor, pas moins de 177 tableaux parmi lesquels 89 portaient une attribution dont les noms suivants semble désigner un cabinet de grande qualité : Raphaël, Léonard de Vinci, Rembrandt, Andréa del Sarto, Jacopo Bassano, Jan Sanders van Hemessen, Claude Vignon, Corneille de Lyon, Michel Corneille, Pierre de Cortone, Jean Cousin dit le Père, Jean Ducayer, Tintoret, L'Albane, Delamare, Jean de Boulanger, Brueghel, van Eyck, le Pérugin, Martin Fréminet, Titien, Jean Clouet, Alexandre Véronèse, Jacques Blanchard, le Parmesan, Giorgione, Antonio Moro, Jules Romain, Charles Beaubrun, sans oublier pour autant, ceux représentant les membres de sa famille que réalisèrent Philippe de Champaigne, Claude Mellan, François de Troy, Nicolas de Plattemontagne, Paul Flocquet, Pierre Daret et Ferdinand Elle.
     
e la riche décoration intérieure du château du Mesnil-Saint-Denis nous conservons seulement aujourd'hui un ensemble d'ouvrages de menuiseries peint en camaïeu vert et ocre (portes et volets) dont la préservation est remarquable, et une splendide cheminée en bois peint et sculptée. Elle porte au centre de son manteau un cartouche encadrant un chiffre romain "MDCL" 1650 surmonté d'une couronne comtale. A noter également sur les jambages, deux figures en grisaille dans des cartouches : la Justice et la Science.
     

     
'intérieur du château est visible à tous visiteurs lors de démarches administratives, le château étant depuis 1952, transformé en Hôtel-de-Ville. En dehors de cela, les salons sont ouverts au public lors des "Journées du Patrimoine" au mois de septembre de chaque année.
   
© Olivier FAUVEAU - 2001  
   
   

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