Martin-Guillaume Biennais
     
Martin-Guillaume Biennais naquit dans un petit village de l'Orne à Saint-Sauveur La Cochère, le 29 avril 1764. Très jeune, il gagna Paris où il acheta le 20 avril 1788 le fonds de boutique de tabletterie de la veuve Anciaux. Le 12 septembre 1789, il est reçu maître tabletier. Il s'agrandit en 1790 en achetant une seconde boutique au 283, rue Saint-Honoré à l'enseigne devenue fameuse "Au Singe Violet". La renommée est fulgurante. Sa maison reçoit une vaste clientèle parmi laquelle, un jeune général qui ne tardera pas à devenir célèbre : Bonaparte. La tradition rapporte que Biennais lui fournit à crédit en 1796, un nécessaire de voyage, alors qu'il s'apprêtait à partir en campagne d'Egypte.

 

     

     
Le succès l'encourageant, il fonda lui-même une grande fabrique d'orfèvrerie engageant plus de 600 ouvriers, et à partir de 1804, il exécute toute l'orfèvrerie de la Maison de l'Empereur et signe ses ouvrages "Orfèvre de sa Majesté l'Empereur et Roi à Paris".

Aussi lorsqu'éclate le coup de tonnerre de la proclamation de l'Empire le 18 mai 1804, c'est Biennais qui est chargé d'exécuter les insignes de la cérémonie du sacre (2 décembre 1804) : la couronne à feuilles de lauriers en or, le Grand-Collier de la Légion d'Honneur, le Grand Sceptre, la Boule du Monde et la Main de Justice. Ces "Régalia" furent (sauf le collier) conservés et exposés durant tout l'Empire au Trésor de Notre-Dame.

Fin mars 1819, sous la Restauration, Louis XVIII, les fit fondre. A partir de 1804, les fournitures à la cour ne cesseront pas. Il livrera chaques années aux Tuileries, pour la table impériale, une somptueuse argenterie (1.000 assiettes en 1806), et sa maison élargira encore le champ de ses activités : à la tabletterie, la bijouterie, la joaillerie, aux objets du culte, armes blanches et aux décorations militaires, en passant par les tabatières en écailles doublées d'or qu'affectionnait Napoléon.

Le second mariage de Napoléon avec Marie-Louise d'Autriche le 2 avril 1810, donne lieu à des fournitures importantes d'orfèvrerie. L'Empereur chargea Biennais de compléter la "Chapelle" (garniture d'autel) de vermeil commencée par Henry Auguste, destinée à la Basilique de Saint-Denis, et de lui fournir "un service à thé" en vermeil de style étrusque.
 

     
Biennais est alors le plus illustre orfèvre de l'Empereur, le plus grand fournisseur de la cour impériale. Il ne lui manquait plus qu'à conquérir la clientèle des rois et princes ennemis de l'Empire.

L'écroulement de ce dernier les mit à la portée de Biennais. Le Tsar de Russie, Alexandre 1er et son frère le Grand-Duc Michel Pavlovitch lui commandent en 1815 "un service de table en vermeil" de plus d'un millier de pièces.

Brusquement en 1819, Biennais se retire des affaires, laissant son commerce à l'un de ses principaux collaborateurs J-C. Cahier (1772-1849). Il quitte Paris et passera les dernières années de sa vie à La Verrière, sa résidence de campagne.

Quels souvenirs laissa-t-il dans notre commune ?

Une visite chez le notaire nous a permis de retrouver certaines transactions passées par Biennais : telles la vente par Boulland le 30 novembre 1819 de la ferme des Néfliers située sur le territoire de Lévis-saint-Nom. D'autres acquisitions sur cette commune s'effectueront entre 1825 et 1829.

La lecture des registres d'état-civil nous apprend qu'il fut présent, en qualité de témoin, lors de la célébration dans notre église de deux mariages. Le premier en septembre 1826, le second une année plus tard le 11 août 1827.

Bien plus que sa présence, il laissa à notre église, en témoignage de son affection, un souvenir encore visible aujourd'hui. En effet, il accepta en 1829, de devenir le parrain de "Marie-Eulalie", l'une des deux nouvelles cloches qui furent bénites par le curé Pierre Lhermitte. Et, il vous suffit de gravir les marches qui mènent en haut du clocher pour y lire gravé dans la fonte, le patronyme de celui qu'appréciait à juste titre Napoléon.

Notons qu'en 1834, il fit don à la Fabrique du Mesnil, du calice en argent-vermeil, des chandeliers de l'autel de la crédence et du banc-d'oeuvre, avec les croix y correspondant en cuivre argenté. Conformément à la loi de 15 mai 1818 et à la décision ministérielle du 11 mai 1826, les plus forts contribuables de la commune étaient conviés à assister aux séances du conseil municipal. Biennais étaient de ceux-là et régulièrement, chaque année de 1827 à 1833, il se rendait dans notre mairie pour y délibérer sur les points essentiels de la vie locale.
       
Les amateurs d'autographes seront comblés en découvrant renfermée dans les registres des délibérations, la prestigieuse signature de notre personnage.

 
       
Ce géant s'éteindra tout doucement en son domicile parisien, le 27 mars 1843, âgé de soixante-dix-huit ans, entouré de ses quatre filles.  
       
       
       
© Olivier FAUVEAU - 2001      
       

Retour à l'accueil