Jean-Louis François du Rieu du Fargis, roué favori du Régent ou le libertin des Soupers du Palais-Royal
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Il portait pour armes « d’Argent à trois fasces ondées d’azur, au chef de gueules, chargé de trois fleurs de lis d’or ». En 1698, il entre dans les Mousquetaires, où il ne tarde pas à être nommé lieutenant, puis capitaine d’infanterie dans le régiment du Roi. A 28 ans, le 8 janvier 1710, il fut nommé chambellan de Son Altesse Royale le duc d’Orléans, sur la démission de Michel de Conflans, marquis d’Armentières. Le 24 février 1716, le roi Louis XV, sous la régence de Philippe d’Orléans, en considération de services rendus, lui donna, le grade de capitaine-lieutenant des chevau-légers de la Reine en remplacement de M. de Buzenval (achat de la charge pour la somme de 40.000 écus). |
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Ce beau portrait d'un gentilhomme
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Signature de Jean-Louis du Rieu du Fargis |
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La sixième
compagnie dite des chevau-légers de la Reine, était un corps de cavalerie
légère qui fut créé pour Marie-Thérèse d’Autriche le 13 juin 1661. On lui avait donné le nom de chevau-légers parce qu’il était armé plus légèrement que les autres corps de cavalerie. Son entrée était réservée à des nobles, qui par la suite pouvaient occuper des grades d'officiers dans les régiments ordinaires de l'armée. Ils portaient un uniforme rouge ponceau galonné d’or. |
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Deux années plus tard, le 18 août 1718, son oncle
Jean-Louis Habert de Montmor, intendant général des armées navales de
France, devenu impotent, souffrant de la goutte, se voit par sentence du
Châtelet de Paris interdit de sa personne et de ses biens. |
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C’est durant cette époque que Jean-Louis du Rieu du Fargis, devient l’un des favoris du Régent et l’un de ceux que l’on nommait « les Roués ». |
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Il est alors réputé pour être un des roués les plus
cyniques de ces galants soupers du Palais-Royal, et où chacun avait un
surnom plus que familier. |
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Et c’est tout naturellement lors d’une fête galante donnée au Palais Royal le mercredi 30 juillet 1721, que Jean-Louis du Rieu du Fargis, dans l’éblouissement de cette illumination féerique, dans l’enivrement de la musique et des vers, fit la rencontre de Madame du Deffand, ancienne maîtresse du Régent. Voici ce que Mathieu Marais [1664-1737] chroniqueur naïf et salé de la Régence, avocat au Parlement de Paris, nous raconte dans son Journal à la date du 7 septembre 1722, à propos de cette rencontre.
Parlant de Mme du Deffand, il nous dit : |
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Marie de
Vichy-Chamrond, marquise du Deffand |
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Nous trouvons encore quelques détails sur Monsieur du Fargis dans le Recueil des Chansons de Pierre Clairambaut Maurepas [1651-1740], et dans les Correspondances manuscrites du temps comme celles de Mme du Deffand, où selon les annotations du moraliste Mathurin de Lescure [1833-1892] «… ce dernier n’a point d’autre histoire que celle de la médisance et de la frivolité. Une satire de salon, un procès pour son nom, qui du scandale tombe dans le ridicule, les vicissitudes étranges d’une faveur qui va jusqu’à être de toutes les parties du Régent, et malgré l’obstacle d’une basse origine, le confident, et comme qui dirait le chambellan de ses débauches ; faveur suivie de disgrâces qui ne vont à rien moins qu’à être jeté dehors par les épaules…». |
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On peut encore lire dans l’ouvrage « Chansonnier historique du XVIIIe siècle» d’Emile Raunié publié en 1880 cette satire où apparaît dans les vers de cette chanson le nom de Jean-Louis du Rieu du Fargis : |
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Quel spectacle étonnant se présente à mes yeux ? |
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Son idylle avec Madame du Deffand prendra fin vers l’année 1728, la marquise étant alors lasse du Beau Fargis. |
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D’après Saint-Simon [1675-1755] : - « les soupers du Régent étaient toujours avec des compagnies fort étranges, avec ses maîtresses, quelques fois des filles de l’Opéra, souvent avec la duchesse de Berry, quelques dames de moyennes vertu et quelques gens sans nom, mais brillant par leur esprit et leur débauche. La chère exquise s’apprêtait dans des endroits faits exprès, de plain-pied, dont tous les ustensiles étaient d’argent ; eux-mêmes mettaient souvent la main à l’œuvre avec les cuisiniers. C’était en ces séances où chacun était repassé, les ministres et les familiers tout au moins comme les autres, avec une liberté qui était licence effrénée. Les galanteries passées et présentes de la cour et de la ville sans ménagement ; les vieux contes, les disputes, les plaisanteries, les ridicules, rien ni personne n’était épargné. M. le duc d’Orléans y tenait son coin comme les autres, mais il est vrai que très rarement tous ces propos lui faisaient-ils la moindre impression. On buvait beaucoup et du meilleur vin ; on s’échauffait, on disait des ordures à gorge déployée, des impiétés à qui mieux mieux, et quand on avait fait du bruit et qu’on était bien ivre, on s’allait coucher et on recommençait le lendemain. Du moment que l’heure venait de l’arrivée des soupeurs, tous était tellement barricadé au dehors que quelque affaire qu’il eût pu survenir, il était inutile de tâcher de percer jusqu’au Régent. Je ne dis pas seulement des affaires inopinées des particuliers, mais de celles qui auraient le plus dangereusement intéressé l’Etat ou sa personne, et cette clôture durait jusqu’au lendemain matin ». |
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La Carrière du Roué,
L'Orgie |
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Les soupers du Palais Royal devinrent une école de
libertinage où le neveu de Louis XIV, Philippe d’Orléans, Régent de France,
réunissait ses amis et amies, ses compagnons de débauche, qu’il appelait ses
roués, à toutes les orgies et au dévergondage le plus inouï. |
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Au nombre des Roués, qui étaient tous des gentilshommes d’excellentes compagnies, spirituels et gais, dévoués de cœur et d’épée au Régent, nous citerons : |
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Philippe-Charles, marquis de La
Fare
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l’abbé de Grancey
(Hardouin Roussel de Medavi de Grancey) |
Charles Armand de Gontaut, marquis puis duc de Biron |
Philippe-Charles, marquis de La Fare [1687-1752] maréchal de France, capitaine des gardes du Duc d’Orléans en 1712, lieutenant général du Languedoc en 1718, surnommé « Bon enfant « ou « le Poupart » ; l’abbé de Grancey (Hardouin Roussel de Medavi de Grancey) [1655-1706] docteur en médecine, premier aumônier du duc d’Orléans ; Scipion Sidoine, marquis de Polignac [1682-1755] lieutenant général, fils du marquis de Listenois ; Louis de Brancas, duc de Villars [1663-1739] Pair de France, colonel du régiment de Luxembourg. Très aimé du Régent, surnommé « caillette gaie », il se retira en 1721 dans l’abbaye du Bec en Normandie où il devint un fervent janséniste ; le comte Charles de Nocé [1664-1739] seigneur de Fontenay, premier gentilhomme de la Chambre du duc d’Orléans. Son surnom était Braquemardus de Nocendo ou le méchant et l’impertinent. Le Régent l’appelait quelques fois son « beau-frère » parce qu’il passait pour être aimé de Madame de Parabère, maîtresse du Prince ; le marquis Charles Guillaume de Broglie [1668-1751], maréchal de France, gendre du chancelier Daniel François Voysin de la Noiraye, s’appelait « Brouillon » ; Philippe de Montboissier Beaufort, marquis de Canillac [1669-1725] membre du Conseil de Régence, lieutenant général en bas Languedoc, membre des affaires étrangères, dit « caillette triste », François Antoine de Simiane d’Esparron [1674-1734], marquis de Simiane, premier gentilhomme de la chambre du duc d’Orléans, gendre de Mme de Grignan ; le duc Adrien Maurice de Noailles [1678-1766], marquis de Montclar, maréchal de France ; Philippe Alexandre chevalier de Conflans [1676-1744], premier gentilhomme de la chambre du duc d’Orléans, cousin et ami du Chancelier ; Louis Jacques Aimé Théodore de Dreux, marquis de Nancré [1660-1719] premier gentilhomme de la chambre du duc d’Orléans ; Charles Armand de Gontaut, marquis puis duc de Biron [1663-1756], Maréchal de France et Pair de France, premier gentilhomme de la chambre du duc d’Orléans ; Pierre Gaspard de Clermont Gallerande ou d’Amboise dit le comte de Clermont [1682-1756], lieutenant général. |
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Adrien Maurice de Noailles [1678-1766] |
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Louis François Armand
de Vignerot du Plessis |
A tous ces gentilshommes nous pourrions encore ajouter le marquis de Nesle, le marquis d’Effiat, Louis François Armand de Vignerot du Plessis, duc de Richelieu … | ||
Parmi les dames de la Cour citons tout d’abord les maîtresses en titre, convives perpétuelles du Palais-Royal : |
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Marie de Vichy-Champrond, Marquise du Deffand [1697-1780] – amie de Voltaire, intime de d’Alembert, de Fontenelle, Marivaux, Sedaine, Helvétius, de Julie de Lespinasse, de la duchesse de Luynes, de l’architecte Soufflot, du sculpteur Falconnet, des peintres Van Loo et Vernet qui fréquentèrent son salon. Célèbre par sa beauté et son esprit, d’une morale peu sévère, elle se voit bientôt entourée d'adorateurs ; elle a dès lors de nombreuses liaisons et mena une vie assez dissolue dans les salons de la Régence. |
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Louise Charlotte de
Foix-Rabat |
Marie Louise
Élisabeth d'Orléans, duchesse de Berry |
Marie Madeleine de la
Vieuville, comtesse de Parabère |
Louise-Charlotte de Foix-Rabat, plus connue sous le
nom de Comtesse de Sabran. Elle naquit en 1693 et fut mariée le 15
juillet 1714 à Jean-Honoré de Sabran, chambellan du Duc d’Orléans sous la
Régence. Célèbre par sa grâce et son esprit et sa beauté, le Régent la
remarque et en fait sa maîtresse. Aux soupers du Palais-Royal, on la
surnomme l’Aloyau. Elle fit partie de cette société des Dames qui
avait entrepris de divertir le Duc d’Orléans. Elle deviendra la maîtresse de
Jean-Louis du Rieu du Fargis. |
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Sophie d’Averne fille de M. de Brégis, conseiller au Parlement, elle devient maîtresse du Régent en 1721 succédant à La Parabère. Elle était la femme de Ferrand d’Averne, lieutenant aux Gardes, et l’ancienne maîtresse du marquis d’Alincourt, second fils du duc de Villeroy. Marie Thérèse Blonel d’Haraucourt duchesse de Fallary (Phalaris ou Falari) [1697-1782] dernière maîtresse du Régent. C’est dans les bras de cette jeune dauphinoise, que le Régent mourut d’apoplexie à Versailles le 2 décembre 1723. |
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Auprès de celles-ci l’ont pouvait y voir également Françoise de Roquelaure, Princesse de Léon [1684-1741], madame de Gesvres digne femme du Gouverneur de Paris (elle fut également la maîtresse de Jean-Louis du Rieu du Fargis), madame de Pramnon, Marie Marguerite Rouxel de Médavy, marquise de Flavacourt [1679-1743] épouse du gouverneur de Gisors, madame de Sessac, madame du Brossay, madame de Verrue, mademoiselle de Portes, Claudine-Alexandrine Guérin, marquise de Tencin [1682-1749] femme de lettres et salonnière, mère de d’Alembert ; madame de Mouchy, ou encore la propre fille du Régent, la duchesse de Berry baptisée par les Roués « Joufflotte » à cause de son embonpoint [1695-1719]. Parmi ses habitués se mêlaient régulièrement des poètes, des philosophes, des gens d’esprits ou des filles d’opéra telles que Emilie Dupré, danseuse ; La Souris, jeune choriste ainsi nommée à cause de sa taille svelte et fine, ou encore Mlle Florence et Mlle d’Uzée ballerines de l’Opéra. |
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Madame de Tencin [1682-1749] |
Scène galante |
Marie Marguerite
Rouxel de Médavy |
Au cours d’un de ces
fameux soupers du Palais-Royal, Jean-Louis du Rieu du Fargis fut témoin d’un
événement singulier concernant le Régent. Ce dernier, revenant un soir du
Luxembourg, en état de complète ivresse, partagea son carrosse avec le jeune
marquis de La Fare, son capitaine des gardes, et M. du Fargis. |
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Philippe d'Orléans - le Régent - [1674-1723] |
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Le Régent lui répondit alors : -« Comment, ne sens-tu pas la puanteur qui sort de ma main, et qu’elle a contractée avec les femmes avec qui nous étions ? Je n’ai pu l’ôter, en me lavant même avec des odeurs, et ce mélange a produit un goût si pestilentiel, qu’il me fait un mal de tête horrible ; je ne veux pas le souffrir davantage ; coupe-moi la main ».
La Fare crut d’abord à une plaisanterie puis devant
l’insistance du Régent, rétorqua qu’il ne sentait absolument rien, et le
rassura en lui disant que cette odeur se dissiperait en dormant. Jean-Louis du Rieu du Fargis, qui avait bien évidemment assisté à la scène, ne pus résister de la conter à sa maîtresse d’alors, la veuve duchesse de Gesvres, qui s’empressa de la redire encore à la Parabère qui reprocha alors au Régent l’état dans lequel il s’était mis. |
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Philippe d'Orléans et
Madame de Parabère en Minerve |
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L’ouvrage Pièces inédites sur les règnes de Louis XIV, Louis XV et Louis XVI, dans lequel on trouve la chronique scandaleuse de la cour de Philippe d’Orléans, Régent de France, écrite par le duc de Richelieu nous livre encore quelques indices sur la personnalité de Jean-Louis du Rieu du Fargis : -«….lorsqu’il (le Régent) soupait au Palais-Royal, il l’invitait (Mme de Parabère) avec quelques autres femmes de moyenne vertu et de sa coterie, entre autres la duchesse douairière de Gesvres, alors maîtresse de Fargis, l’un des roués, jeune homme bien fait, de bonne mine et de manière agréables, qui disait le bon mot, et jouait très bien de la flûte …». |
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Après ses aventures avec la duchesse de Gesvres, puis avec Marie de Vichy-Champrond, marquise du Deffand [1697-1780], Jean-Louis du Rieu du Fargis chercha et trouva dans Madame de Sabran (Louise Charlotte de Foix-Rabat, comtesse de Sabran et de Forcalquier [1693-1768]), une maîtresse qui eût moins de scrupules ou plutôt moins de caprices, et il noua avec cette femme originale, une liaison à laquelle il demeura fidèle jusqu’à sa mort. |
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Signature de Louise
Charlotte de Foix Rabat, comtesse de Sabran |
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Dans son Journal et
mémoires sur la Régence et le règne de Louis XV (1715-37),
Mathieu Marais nous rapporte à la date du 31 décembre 1721 une scène
regrettable au Palais-Royal qui n’allait pas être sans conséquence pour
Jean-Louis François du Rieu du Fargis. |
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Toujours à propos de cet événement, citons les termes mêmes de la lettre qu’adressa Louis-François Lefebvre de Caumartin, marquis de Boissy [1665-1722] conseiller d’état, à sa sœur Madeleine-Charlotte Emilie Lefebvre de Caumartin, marquise de Balleroy [+ 1749] le 23 février 1722 :
-« Il y a quelques jours, on a soupé au
Palais-Royal. Mme des Brosses se lâcha : elle dit que Mme de Prie avoit
donné la vérole à Livry ; Livry à sa femme, Mme de Livry à La Perronie ; que
c’étoit à La Perronie à guérir toute la bande. Fargis, qui étoit du souper,
ami de Livry, prit son parti ; la folle s’échauffa ; Fargis dit qu’elle
devoit mieux traiter ceux qu’elle avoit honorés de sa faveur, comme Livry.
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Dès lors, en 1722, « à cause des tracasseries de la cour » selon les propres mots du duc de Richelieu, Monsieur du Fargis n’est plus provisoirement admis aux soupers du Régent. |
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Les fêtes galantes et les réjouissances du Palais-Royal prendront fin peu de temps après, avec la mort soudaine du Régent en décembre 1723. |
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C’est en juin de cette même année qu’intervient en faveur de Jean-Louis du Rieu du Fargis, le changement de nom de la baronnie de Lévy en celui de Fargis-Pommeret. |
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Suite au décès de sa tante Gabrielle de La Reynie, morte le 22 octobre 1723 de la petite vérole, [Mathieu Marais dans son Journal de Paris nous dit à propos d’elle qu’elle « n’était plutôt une momie qu’une femme, elle n’a marché qu’à trente ans. M. de Montmor, maître des requêtes et intendant, qui l’avait épousée n’en avait jamais approché »], Jean-Louis François du Rieu, devient l’héritier de la seigneurie et du château du Mesnil-Saint-Denis qui restaient ainsi provisoirement dans la famille, par une transaction du 2 janvier 1724. |
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Château du
Mesnil-Saint-Denis - dessin du XVIIIe siècle |
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Par contrat du 6 février 1727, il vendit les bois des Cinq cent arpents, ceux des Laiez et de l’Etoile, à Mgr le comte de Toulouse, duc de Rambouillet, avec tout droit de justice et de seigneurie qui pouvait y appartenir. Dix ans plus tard, le 11 septembre 1737, il vendra au duc de Penthièvre, également duc de Rambouillet, la terre et la paroisse des Layes, dont dépendaient les 60 arpents du bois des Layes dans la mouvance du duc de Luynes à cause de son duché de Chevreuse-Montfort. |
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Et puis, il y eut ce procès pour changement de nom que l’on appela l’affaire du Fargis.
La Bruyère, dans ses
Caractères, précise qu’au XVIIe siècle « certains gens portent trois
noms » et que cette multiplicité des noms introduit inévitablement
alors quelque confusion dans les récits du temps. Ainsi, lorsque Bernard
Delrieux, gentilhomme du Languedoc, père de Jean-Louis du Rieu du Fargis,
vendit pour 100.000 écus à Daillé sa charge de maître de la chambre aux
deniers pour acheter en 1688 sa charge de maître d’hôtel ordinaire du Roi,
il modifia son nom par la suppression d’une syllabe et se fit nommer de
Rieux, rappelant alors le maréchal de Rieux, issu de l’une des plus
anciennes et des plus illustres maisons de Bretagne. |
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A propos de ce procès qui agita pendant quelque temps la cour, il convient de lire la correspondance échangée entre Mathieu Marais [1664-1737], avocat au Parlement de Paris et le Président Jean Bouhier, jurisconsulte [1673-1746] : |
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Mathieu Marais au Président Bouhier le 26 avril
1728 :
Mathieu Marais au Président Bouhier le 2 mai 1728 :
Le Président Bouhier à Mathieu Marais – mai 1728 : |
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Le Président Jean Bouhier, jurisconsulte [1673-1746] |
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Mathieu Marais au Président Bouhier le 14 mai 1728 :
Mathieu Marais au Président Bouhier le 16 mai 1728
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Mathieu Marais au Président Bouhier le 25 mai 1728 :
Mathieu Marais au Président Bouhier le 2 juin 1728
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Blason de Jean-Louis
du Rieu du Fargis |
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Mathieu Marais au Président Bouhier le 8 juin 1728
:
Le Président Bouhier à Mathieu Marais – juin 1728 : |
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Enfin
au mois de juin 1728, des lettres patentes données à Compiègne (où sont
rappelés tous les titres la filiation de Jean-Louis François du Rieu du
Fargis) confirment le nom de Du Rieu et érigent en comté Le Fargis au profit
de Jean-Louis François du Rieu avec la châtellenie du Mesnil-Habert « pour
ne faire ensemble qu’une seule et même terre et seigneurie…et érigé le tout
en titre et dignité de comté sous le nom de comté du Fargis ». |
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C’est le 29 septembre 1729 que Jean-Louis François du Rieu du Fargis, assista en qualité de parrain au baptême des nouvelles cloches de l’église du Mesnil-Saint-Denis. Répondant aux prénoms de « Renée », « Félice » et « Charlotte » ces dernières eurent le plaisir d’avoir pour parrains et marraines de grands noms du royaume. Nommons simplement le comte de Maurepas, Jean-Frédéric de Phélypeaux [1701-1781], ministre et secrétaire d’état ; Armande Félice de la Porte de la Meilleraye de Mazarin, marquise de Nesle [1691-1729] (petite-fille d’Hortense Mancini et arrière-petite nièce de Mazarin) ; Joachim-François Potier [1692-1757], duc de Gesvres, Pair de France, gouverneur de Paris ; Renée Elisabeth de Romilly de la Chesnelaye [ ?-1742] veuve de Léon Potier duc de Gesvres et Louise Charlotte de Foix-Rabat, comtesse de Sabran et de Forcalquier [1693-1768]. |
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Détail des signatures
sur l'acte de baptême des cloches de l'église |
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Le registre d’état-civil mentionne encore comme présents à cette cérémonie les noms de Charles-François Frédéric de Montmorency-Luxembourg [1702-1764] duc de Luxembourg, gouverneur de la province de Normandie, colonel du régiment de Touraine, et celui de Henriette de Fitz-James, marquise de Reynel [1705-1739], fille du duc de Berwick et petite fille de Jacques II Stuart, roi d’Angleterre. |
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C’est
aux Essarts-le-Roi, en l’église paroissiale Notre-Dame des Layes, que le 27
août 1731 il est fait mention du nom de Jean-Louis du Rieu du Fargis sur
l’acte de baptême de la première cloche de cette église. Cette bénédiction solennelle fut faite entourée des curés des villages avoisinants et de nombreuses personnalités : Louis Lemarquant, curé du Mesnil-Fargis ; Joseph Dupont Doux, curé de Saint-Rémy-l’Honoré ; Pierre Boutte, prêtre docteur en théologie, curé de Cernay ; Claude Dumont, curé de Lévis ; Robert Giffard, curé de Saint-Forget ; de Jean Creuzet, curé de Maincourt ; André Vauchet, curé de Dampierre ; Marc Antoine Maringan, confesseur des Dames de Hautes-Bruyères, Denis Rousseau, maître des exercices de guerre des pages du Roi, Nicolas Tixerand, fermier général de Monsieur le duc d’Orléans… |
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En
février 1737, nous retrouvons Jean-Louis du Rieu du Fargis assistant en
qualité de témoin au mariage de Hélène Louise Madeleine de Sabran
[1718-1737] (première filleule du roi, fille de Jean-Honoré, comte de Sabran
et de Forcalquier, grand sénéchal pour le roi de la ville de Toulon, premier
chambellan du duc d’Orléans, et de Louise-Charlotte de Foix-Rabat) avec
Charles-Michel Anne, comte d’Arcussia, baron de Fos [v.1709-1786]. |
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Le
15 septembre 1737, Jean-Louis du Rieu du Fargis, demeurant alors à Paris,
Grande rue du Faubourg Montmartre paroisse Saint-Eustache, vend par devant
Me Langlois & Jourdain, notaires à Paris, le château du Mesnil-Saint-Denis
pour la somme de 140.000 livres à Charles de Selle [1707-1786], avocat au
Parlement de Paris, conseiller du roi puis Commissaire aux Requêtes du
Palais et à son épouse Marie-Catherine Lamouroux [1713-1766]. |
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Nous
retrouvons trace de notre personnage en 1739, dans le Journal et mémoires
du marquis d’Argenson [1694-1757], écrivain et secrétaire d’état aux
Affaires Etrangères de Louis XV, lequel nous rapporte sous la date du 22
juillet, la parodie que Jean-Louis du Rieu du Fargis fit d’une cérémonie de
mariage : |
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La fin de Jean-Louis
du Rieu du Fargis nous est annoncée dans une lettre de Louis XV à M. de
Richelieu datée du 3 janvier 1743 :
Enfin sa mort survenue à Paris est relatée dans les
Mémoires du duc de Luynes sur la cour de Louis XIV (1735 à 1758)
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Signature de Jean-Louis du Rieu du Fargis |
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Son décès est officiellement annoncé dans la Gazette de France du 29 décembre 1742. |
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Après son décès, les scellées furent apposés à son hôtel de la rue du Bac, quartier du Faubourg Saint-Germain et Antoine Desprez fut nommé son exécuteur testamentaire. N’ayant point été marié et n’ayant point laissé de postérité, ses biens furent partagés entre ses sœurs : - Anne-Louise du Rieu mariée avec Jean-Etienne II de Thomassin, marquis de Saint-Paul, Président à Mortier du Parlement d’Aix en Provence. - Julie du Rieu, sœur Bernard, religieuse ursuline au Couvent de Sainte-Avoie, à Paris - Madeleine-Elisabeth du Rieu-du-Fargis mariée à Pierre-Eleonor, marquis de Férolles, gouverneur de l’île de Cayenne. |
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Pour finir, l’on pourra citer un passage du Chevalier d’Harmental du grand Alexandre Dumas dans lequel l’auteur dresse un portrait de celui que l’Histoire retiendra sous le nom du Beau Fargy : | ||
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-« Le comte de Fargy, que l’on appelait habituellement le beau Fargy, en
substituant l’épithète qu’il avait reçue de la nature au titre que lui
avaient légué ses pères, était cité, comme l’indique son nom, pour le plus
beau garçon de son époque : ce qui, dans ce temps de galanterie, imposait
des obligations devant lesquelles il n’avait jamais reculé, et dont il
s’était toujours tiré avec honneur. En effet, il était impossible d’être
mieux pris dans sa taille que ne l’était Fargy. |
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© Olivier FAUVEAU - 2009 | ||