Le Perce Neige

Madrigal



Fille du bel Astre du jour,
Je nays de sa seule lumiere,
Alors que sans chaleur, à son nouveau retour,
Des mois il ouvre la
Carriere.
Je vis pure, et dans la froideur ;
Et mon teint, qui la
Neige efface
Conserve son éclat dans l'extréme rigueur
De l'hyver couronné de glace.
Fleurs peintes d'un riche dessein
Que le chaud du
Soleil fait naistre,
Et qui, peu chastement, ouvrez votre beau sein
Au
Pere qui vous donna l'estre ;
Vous qui sans pudeur aux
Zéphirs
Souffrez découvrir vos richesses,
Et vous laissant toucher à leurs foibles soupirs,
Ployez sous leurs molles caresses ;
Osez-vous, peu modestes
Fleurs,
Prétendre
Couronner cette beauté sévère ?
Et ne craignez-vous point les cruelles froideurs
Dont elle sait punir une ame temeraire ?
N'ayez plus cette vanité,
Puis que seule je dois obtenir l'avantage
D'orner de son beau chef l'auguste majesté,
Lors que de tous les coeurs elle reçoit l'hommage,
Au
Throsne de la pureté.


De M. de Montmor-Habert



© Olivier FAUVEAU - 2002