Une dynastie de maîtres d'armes

       
       
       
armi les familles qui furent propriétaires du domaine des Ambésis, il en est une tout particulièrement avec laquelle il valait mieux être ami plutôt qu'ennemi, surtout en ce XVIIème siècle où les duels en France étaient si fréquents.
       
'est en effet, sur ces terres, à l'écart du petit village du Mesnil-Saint-Denis, qu'une dynastie de maîtres d'armes du roi, choisit d'élire domicile dès les premières années de ce siècle.
       
t il ne s'agissait pas de n'importe quels bretteurs !! puisque durant quatre générations, les personnages qui vécurent dans ce petit château des Ambésis, non seulement étaient experts dans l'art de croiser le fer, mais ils enseignèrent également l'escrime aux rois, aux dauphins ou aux pages des écuries royales de 1670 à 1793.
       
'histoire commence avec une dénommée Marie-Jeanne Wernesson, fille d'André Wernesson, seigneur de Liancour, et de Jeanne Ouestrin.
André Wernesson possédait à la fin du XVIIème siècle une salle d'armes située à Paris dans la rue des Boucheries-Saint-Germain.
Non seulement célèbre pour être l'auteur d'un traité sur l'escrime, publié en 1686 sous le titre
Le Maistre d'armes, ou l'Exercice de l'épée seule, dans sa perfection. Dédié à Mgr le duc de Bourgogne, il enseignait dans l'Académie de François du Gard de Longpré
[1631-1702] et de Jean Bernardy, rue de l'Egout, quartier de Saint-Germain des Prés, ainsi qu'à l'école des pages de la petite écurie du roi.
       
'est sous sa plume, que l'escrime française se définit véritablement comme un art de la parade : "pied droit en avant, main gauche en arrière à hauteur de la tête". En théoricien d'un véritable classicisme, André Wernesson de Liancour fixe dès lors les traits les plus distinctifs de l'escrimeur français.  
       
 

   

André Wernesson de Liancour

       
e lui, nous conservons outre ses écrits, un fort beau portrait gravé au burin en 1686 par Jean Langlois [1649-c.1712] d'après une peinture de M. Monet, le représentant de trois quarts revêtu de son armure et paré d'un élégant jabot de dentelles.

En guise de blason : deux épées croisées surmontées d'un heaume à dextre empanaché.
       
ndré Wernesson de Liancour avait une soeur prénommée Marie-Barbe, dont nous aurons l'occasion de reparler plus tard.
       
ais revenons à Marie-Jeanne. Elle épousera Denis Beneton de l'Isle, maître d'armes. Ce dernier, reçu maître peu de temps après 1644, était en 1652 le maître d'armes des pages de Mademoiselle de Montpensier, fille du duc d'Orléans et à ce titre, percevait alors 200 livres de gages par an. En 1670, il est nommé pour la seconde fois garde des ordres de la communauté.
       
a carrière à cette époque semblait déjà bien établie et ses biens suffisamment conséquents pour qu'il décide d'une part d'acquérir la charge de lieutenant louvetier du roi, alors l'un des principaux offices de vénerie rapportant environ 1000 livres de gages, et d'autre part de devenir l'heureux propriétaire d'une terre de plus de 10.000 livres sur la commune de Draveil.

Il consolide encore sa carrière en devenant le 22 janvier 1685, maître des pages de la petite écurie du roi en remplacement de Pierre des Fontaines, démissionnaire.
       
'est parce qu'il résida un temps sur l'île Saint-Louis que Denis Beneton décida selon une pratique très en vogue à cette époque, d'anoblir son patronyme en se faisant appeler Denis Beneton de l'Isle.
       
e phénomène sera d'ailleurs souligné par Molière dans son Ecole des Femmes.

En grand observateur de la société dans laquelle il vivait, et qu'il n'hésitait pas à critiquer tout en la faisant rire, Molière, par la voix de Chrysalde s'adressant à Arnolphe nous dit :

       
       

"uel abus de quitter le vrai nom de ses pères
Pour en vouloir prendre un bâti sur des chimères !
De la plupart des gens c'est la démangeaison ;
Et, sans vous embrasser dans la comparaison,
Je sais un paysan qu'on appelait Gros-Pierre,
Qui, n'ayant pour tout bien qu'un seul quartier de terre,
Y fit tout alentour faire un fossé bourbeux,
Et de monsieur de l'Isle en prit le nom pompeux
".

       
       
ais au fait à quant remonte l'acquisition du château et les terres du domaine des Ambésis par Denis Beneton ? Hélas, les archives nous manquent pour répondre à cette question. Nous savons seulement grâce à un acte du 20 juin 1707 passé devant Me Dutartre, notaire à Paris, que c'est sa veuve Marie-Jeanne Wernesson, qui fit donation du domaine à sa nièce Marie-Jeanne Rousseau, épouse de Nicolas Tixerand, ancien fermier général des domaines du duc d'Orléans, plus tard directeur de la manufacture des glaces puis contrôleur général des actes.
       
vec Marie-Jeanne Rousseau, nous entrons au coeur de cette dynastie des maîtres d'armes de la Maison du Roi.
       
       

Signature de Marie-Jeanne Rousseau épouse de Nicolas Tixerand

       
       
arie-Jeanne Rousseau, naquit en 1671 suite au mariage célébré à Paris le 16 février 1669 entre Marie-Barbe Wernesson [décédée à Paris en 1687] et Jean Rousseau.
       
elui-ci, fit partie avec son frère Pascal, de cette lignée de maîtres d'armes royaux qui occupèrent une place tout à fait particulière dans l'histoire des maîtres de l'escrime et de son Académie.
       
ès Charles IX, en 1567, les maîtres d'armes avaient formé à Paris, une corporation sous le titre d'Académie d'armes ou Maîstres en fait d'armes de l'Académie du roi. Cette Académie trouva son apogée sous Louis XIV, lorsque le monarque alors âgé de 18 ans, accorda à cette corporation par lettres patentes données à Paris en mai 1656, un titre de noblesse héréditaire aux maîtres ayant au moins vingt ans d'exercices. Par la même, il leur permit de porter et d'arborer les armoiries suivantes : "sur champ d'azur, deux épées mises en sautoir, les pointes hautes, les pommeaux, poignées et croisées d'or, accompagnées de quatre fleurs de lys avec timbre au-dessus de l'écusson et trophée d'armes autour".
       
       

Armoiries de l'Académie d'armes de France

     
       
       
uite au décès de Vincent Francquin de Saint-Ange, survenu le 26 mars 1670, la charge de maître d'armes de la personne du roi Louis XIV et des enfants royaux, échu alors à Pascal Rousseau, l'oncle de Marie-Jeanne.
       
Né de l'union entre Louis Rousseau [1592-1672] et Marie Gratian [1595-1673], Pascal Rousseau enseignera rue de Seine à Paris, dans le quartier de l'Université. Nommé chevalier des ordres du roi (chevalier de Saint-Michel et du Saint-Esprit), il mourut à son domicile parisien le 9 août 1688.
       
on frère, Jean I, naquit à Bourges en 1640. Il est l'aîné d'une famille de huit enfants dont trois soeurs, l'une d'elles sera prénommée Marie, et cinq frères parmi lesquels Antoine, Nicolas et Pascal dont nous venons de parler.
       
       

Signature de Jean I Rousseau

       
       
Jean I Rousseau sera le premier de la famille à cumuler jusqu'à son décès toutes les charges de maîtres d'armes de la Maison du roi. Nommé le 27 avril 1670 à la grande écurie, il prit en charge la petite écurie en 1695 et la Chambre du roi en 1705.
       
a Maison du roi employait pas moins de quatre maîtres d'armes au service personnel du roi et des enfants royaux, ainsi qu'aux trois écoles de pages (Chambre du roi, petite et grande écurie), sans compter les pages de la reine et des princes de sang. Une éducation comprenant l'équitation, l'escrime, la danse, les mathématiques et le dessin, était proposée.
       
fin de nous familiariser avec ce qu'était la Maison du roi ou Maison civile du roi, voici quelques précisions sur son organisation qui fit l'objet d'un réglement promulgué en août 1575 par Henri III. Elle était divisée en départements, (elle en comptera vingt-deux sous Louis XIV), ceux-ci dirigés par les grands officiers de la Maison du Roi, membres de la haute noblesse ou du haut clergé.
       
armi les départements les plus importants, nous avions la Chambre du roi. Elle était dirigée par le grand chambellan et avait la charge des appartements du roi et de l'escorte de la personne du monarque. C'était, avec le département de la Bouche du roi, l'un des services les plus imposants en termes de personnel.
Elle comptait dans ses rangs les quatre premiers gentilhommes de la Chambre, les gentilshommes de la Chambre, les valets de chambre, les pages, les huissiers et les enfants d'honneur.
La proximité des officiers de la Chambre avec le roi rendait les charges particulièrement très estimées.
       
a Grande Ecurie était placée sous l'autorité du Grand Ecuyer dit "Monsieur le Grand", qui s'occupait des haras du roi et du service des cérémonies (hérauts et roi d'armes, poursuivants d'armes, porte-épée de parement et corps des musiciens). Le Grand Ecuyer avait la charge des chevaux de main parfaitement dressés pour la chasse ou la guerre, et réservés à l'usage des rois et des princes. Sous lui étaient un premier écuyer, trois écuyers ordinaires, trois écuyers cavalcadours, un gouverneur des pages, deux sous-gouverneurs, un précepteur, un aumônier, une cinquantaine de pages, un roi d'armes et onze hérauts d'armes, deux poursuivants d'armes, trois porte-épée, deux porte-manteau, douze grands hautbois, huit joueurs de fifres et tambours, cinq trompettes marines, des médecins, chirurgiens, apothicaires, cuisiniers, sommeliers, lavandiers...
       
       

La Grande Ecurie à gauche, la Petite Ecurie à droite

       
       
n ce qui concerne, la Petite Ecurie, elle était dirigée par la Premier Ecuyer, dit "Monsieur le Premier", important personnage qui avait l'honneur de donner la main au roi lorsqu'il montait dans son carrosse, et de côtoyer la monture royale lorsque le roi allait à cheval. La petite écurie comprenait un écuyer ordinaire, vingt écuyers servant par quartier, les pages, les petits valets de pied et tout ce qui est cocher, postillon, fourrier, sellier ou palefrenier. Elle abritait carrosses, voitures, chevaux d'attelage mais aussi des montures ordinaires sans oublier les chaises roulantes ou les chaises à porteurs qui étaient à disposition de la Cour.
       
nfin la Vénerie, qui s'occupait des chasses royales. Dirigée par le grand veneur de France, elle comprenait la vénerie (chasse à cheval), la fauconnerie commandée par le grand fauconnier de France, la louveterie dirigée par le grand louvetier, et le vautrait, équipage spécialisé dans la courre du sanglier, dirigé par le capitaine-général des toiles des chasses.
Le grand veneur de France avait en charge 182 personnes parmi lesquelles : lieutenants, sous-lieutenants, gentilshommes, valets de limiers, valets de chiens à cheval ou encore valets de chiens ordinaires, quantité de piqueurs, sans oublier un chirurgien et un apothicaire.
       
u décès de Jean I Rousseau survenu à Paris le 13 mai 1721 alors qu'il était âgé de 82 ans, ses biens furent partagés le 12 septembre suivant devant Me Baudin, notaire à Paris, et c'est son fils Henri-François Rousseau qui lui succéda dans toutes ses fonctions y compris celle de maître d'armes de la personne du roi et des enfants royaux.
       

       
       
Né en 1674, Henri-François Rousseau était l'aîné des six enfants du couple Jean Rousseau et Marie-Barbe Wernesson. Il aura deux frères Philippe et Denis et trois soeurs Barbe, Agnès et donc Marie-Jeanne qui épousera Nicolas Tixerand, directeur de la manufacture des Glaces, les futurs héritiers du château des Ambésis.
       
       

Signature de Henry-François Rousseau

       
       

enri-François Rousseau doit sa notoriété pour avoir été le maître d'armes de Louis XV.

       

Louis XV
par Maurice Quentin de La Tour [1704-1788]

       
       
l épousa à Versailles en l'église Notre-Dame, le 27 novembre 1703, une jeune femme dénommée Elisabeth de La Fontaine [1678-1736], fille de Charles de La Fontaine, ordinaire de la musique du roi et de Jeanne de La Haye, l'une des nourrices de Monseigneur le duc de Bourgogne.
Elle lui donnera huit enfants : Jean II
[1705-1756], Marie-Elisabeth, Philippe, Henriette-Angélique, Charles-Henry, Jeanne-Françoise, Jean-Baptiste Denis et Louis Nicolas.
       
u cours de l'année 1716, Henri-François sera nommé aux fonctions de "garde des ordres et privilèges" de l'Académie des maîtres d'armes parisiens créée en 1567 comme l'avons dit par Charles IX. Elu pour deux ans, ce "garde des ordres" avait pour fonctions de conserver "le coffre, les deniers et tous les papiers de ladite communauté".
       
ais revenons à Marie-Jeanne Rousseau. C'est le 25 janvier 1693 à Paris qu'elle épousera Nicolas Tixerand. Elle reçut alors dans sa corbeille de mariage, une dot conséquente de 9.000 livres versée par son père Jean Rousseau.
       
       
 

   
 

Signature de Nicolas Tixerand
directeur de la manufacture des Glaces

   
       
       
'est très probablement à ce couple (bien que nous ne possédions aucune archives) que nous devons la construction a proprement parlé du château des Ambésis. Nous pensons en effet que son élévation, telle que nous pouvons la voir aujourd'hui, date de 1720. D'ailleurs le couple s'étaient rendu adjudicataires de différentes pièces de terres autours des Ambésis, par deux décrets faits au Châtelet de Paris les 8 mars 1719 et 13 décembre 1724.
       
       

Château des Ambésis - vue arrière

       
       
ette hypothèse pourrait se confirmer par l'inscription figurant sur une tomette d'une des chambres du premier étage de la maison "1720- Parelle de Pons Lessare" signant ainsi à cette date la fin d'aménagement des travaux intérieurs du château.
       
orsque Marie-Jeanne Rousseau décède à Paris dans le courant du mois d'octobre 1744 âgée de 73 ans, c'est son frère Henri-François Rousseau, qui est désigné comme son légataire universel conformément à ses dernières volontés exprimées par testament olographe dressé le 13 juin 1744 devant Me Demay, notaire à Paris. Son inventaire après décès sera dressé par ce même notaire, le lundi 9 novembre suivant en présence de ses deux frères Henri-François et Charles Henry, prêtre, chanoine de Mouchy-le-Châtel diocèse de Beauvais, et de Nicolas Tixerand.
       
râce à cet acte, nous avons une description très détaillée et très précise de l'ornement intérieur du château des Ambésis au milieu du XVIIIème siècle.
       
a propriété des Ambésis ainsi que les terres environnantes, revinrent alors à ces frères Henri-François et Denis Rousseau. Nicolas Tixerand, l'époux de Marie-Jeanne, en conservera cependant la jouissance en usufruit. Ce dernier, par acte passé devant Me Delanglard, notaire à Paris, en fit donation, moins d'une année plus tard, à son beau-frère Henri-François Rousseau le 10 janvier 1745 en témoignage de son amitié.
       
rrêtons-nous quelques instants sur la famille de ce dernier et faisons connaissance avec ses huit enfants, pour lesquels, de part ses fonctions à la cour, Henri-François Rousseau parvient à négocier de brillantes alliances.
       
on fils aîné, Jean II (dont nous allons parler) naquit à Versailles le 18 février 1705. Il épousera Marie-Marguerite Drappier Desfugerais [décédée en 1774] dont la profession était "remueuse" ou berceuse du dauphin et des Enfants de France.
La remueuse habillait ou déshabillait le bébé royal, lui donnait son bain, bref veillait à tous les soins matériels. Elle seule aussi pouvait toucher l'enfant, le prendre dans ses mains, le présenter à la nourrice, le mettre au berceau.
De leur union naquirent cinq enfants.
       
uis ce fut l'arrivée de Marie-Elisabeth. Née le 5 août 1706 à Versailles, elle épousera en 1727, Louis Henri de Channe, chevalier, seigneur de Vezanne, chevalier de l'ordre de Saint-Louis, capitaine de cavalerie. Elle donnera deux enfants à son époux qui se prénommèrent Marie-Henriette de Channe [1729-1783] et Georges Philippe Léon de Channe [1730-?].
       
a naissance fut suivi le 2 mai 1707 par celle de Philippe. Natif lui aussi de Versailles, comme tous les autres enfants à venir, il épousera le 19 septembre 1734 à Cayenne, une dénommée Olive Catherine Moreau de Chassy [décédée en 1773]. Ecuyer, chevalier de Saint-Louis, lieutenant d'une compagnie détachée de la Marine, major honoraire de Guyane, Philippe Rousseau décédera dans la ville de Cayenne, le 11 janvier 1765.
Le couple aura six enfants : Henri-Philippe
[1735-1778], Pauline Elisabeth [1738-1828], Claude [1740], Pierre Rousseau de Saint-Philippe [1741-1781], François [1742-1743] et Rose Catherine Heleine [1752-1770].
       
nfin Henri-François Rousseau sera l'heureux père de cinq autres enfants prénommés Henriette-Angélique [1708-v.1721], Charles Henry [1710-1770], Jeanne Françoise [1711-v.1721], Jean-Baptiste Denis [1712-1763] et le petit dernier Louis Nicolas [1718-1756].
       
enri-François Rousseau, considéré comme le plus fameux professeur d'escrime de son temps, décédera à Paris, rue de la Sourdière le 18 mai 1756, à l'âge de 82 ans.
       
a propriété des Ambésis resta entre les mains de la famille Rousseau jusqu'au décès de ce dernier. En effet, ses héritiers en la personne de ses fils Jean, Charles-Henry, Denis, Philippe Rousseau, et du sieur Georges Philippe Léon de Channe et dame Marie Henriette d'Anstrude, ses neveux et nièces, la vendirent à Antoine Hervy, prêtre, chapelain du roi en la chapelle du Chenil à Versailles, pour la somme de vingt-trois mille livres, par acte dressé le 29 novembre 1756 devant Me L'Héritier, notaire à Paris.
       
'acte de vente nous donne une description assez détaillée de la configuration des lieux : "une grande maison bourgeoise sise au Grand Embezis paroisse du Mesnil-Saint-Denis, consistant en porte cochère, grande cour, chapelle en icelle, huit travées de corps de logis composés au rez-de-chaussée de cuisine, office, chambres, salle à manger, vestibule, salle d'assemblée, cabinets, caves au-dessous, premier étage six chambres de maîtres et cabinets, deuxième étage de chambres de domestiques et grenier, remise de carrosse, écurie, volière à pigeons, grand jardin derrière le dit corps de logis, vivier au bout du jardin, deux jardins potagers au bout de la cour, le tout clos de murs, contenant deux arpents trente perches ou environ, logement du jardinier, basse-cour derrière, fournil, remise, vacherie, laiterie, poulailler, toit à porc, le tout couvert de tuiles...".
       
       

Château des Ambésis - cour d'honneur

       
       
nobli par Louis XV en 1752, Jean II Rousseau, écuyer, chevalier de l'ordre royal de Saint-Michel, maître en fait des armes de Monseigneur le Dauphin, prit la succession de son père dans ses fonctions de maître d'armes de la Maison du Roi.
       
l exercera son activité jusqu'en 1766 et s'éteindra à Versailles le 2 octobre 1767.
       
e son mariage avec Marguerite Drappier Desfugerais, il eût cinq enfants avec qui nous allons maintenant faire connaissance.

Galanterie oblige, commençons d'abord par les quatre filles :

- Philippine-Charlotte, née le 11 mars 1750 à Versailles, elle épousera en 1772, Philippe Alphonse de David de Perdreauville
[1733-1790], chevalier, seigneur des fiefs de Chevalier, Villeneuve et David, ancien capitaine au régiment de Bourbonnais, chevalier de Saint-Louis, gouverneur des pages de la Dauphine ; - Elisabeth-Nicole deviendra le 7 mai 1760 l'épouse d'Etienne Denis de Pampelune [1725-1811], écuyer, commandant les écuries de Madame la Dauphine, marquis de Genouilly, gouverneur de Vézelay, il fut l'ami du naturaliste Buffon ; - Louise, née le 26 octobre 1741 à Versailles, épousera en 1763 Jean-Baptiste Arsène Petel de Scallier [1716-1791], chevalier, comte de Scallier, chevalier de l'ordre de Saint-Louis, colonel d'infanterie au régiment d'Anhalt. Elle décédera à Dijon, à l'âge de 73 ans en 1814 ; et Victoire décédée avant 1770.
       
nfin l'unique fils, Augustin Louis Bernard Joseph, né le 7 août 1748 à Versailles. Parmi les plus connu de cette grande dynastie, il fut pourvut de l'office des maîtres d'exercices militaires du Dauphin, que son père et son grand-père exerçaient avant lui.
       

Signature de Augustin Louis Bernard Joseph Rousseau

       
ernier syndic de la "Communauté des maîtres des Académies du roi en la ville de Paris", il fut arrêté le 10 août 1792, incarcéré le 18 suivant à la prison de l'Abbaye, et transféré dans une autre prison avant les massacres du 2 septembre.
Traduit devant le Tribunal Révolutionnaire de Paris, siégeant salle de la Liberté, il fut condamné à mort le 25 messidor An II
[13 juillet 1794] comme conspirateur. L'acte d'accusation le qualifiait de "conspirateur ayant été arrêté le 10 août au château des Tuileries, vêtu d'un habit d'uniforme national avec un bouton de ralliement" et lui reprochait essentiellement d'avoir été "le maître d'armes des enfants Capet".
Après le prononcé de l'arrêt de mort, un des juges s'écria : "
Pare celle-là, Rousseau ! ".
       
ugustin Rousseau avait épousé à Versailles le 17 décembre 1771, Julie Françoise Genet [1753-1829] et par cette alliance devenait le beau-frère de la célèbre Madame Campan, lectrice de Mesdames filles de Louis XV, secrétaire et confidente de la reine Marie-Antoinette, institutrice et pédagogue, elle dirigea l'Institution nationale de Saint-Germain-en-Laye, puis la Maison d'Education de la Légion d'Honneur d'Ecouen.
       
       

Signature de Julie Françoise Genet épouse d'Augustin Rousseau et soeur de Madame Campan

       
       
'est à Julie Françoise Genet que fut confié à sa naissance le Dauphin Louis-Joseph, premier fils de Louis XVI et de Marie-Antoinette.
       
       

 

Jeanne Louise Henriette Genet
Madame Campan
(1752-1822)

Louis Joseph Xavier François de France
fils aîné de Louis XVI et de Marie-Antoinette
(1781-1789)

Marie-Antoinette et ses enfants
Reine de France
(1755-1793)

 
       
       
armi ses beaux-frères et belles-soeurs, Augustin Rousseau comptait Pierre César Auguié [1738-1815] dont l'épouse Adélaïde Henriette Genet [1758-1779] fut aussi femme de chambre de Marie-Antoinette (leur fille Aglaé Louise deviendra la future Maréchale Ney, et donnera naissance à Joseph Napoléon Ney, prince de la Moskowa) c'est elle qui prêta vingt-cinq louis à la Reine, quand celle-ci quitta les Tuileries. Mme Auguié fut alors recherchée et le Comité de Sûreté lança contre elle un mandat d'amener. Elle trouva refuge au château de Coubertin à Saint-Rémy-lès-Chevreuse, puis regagna Paris. Au moment où l'on se présentait pour l'arrêter, elle fut prise de panique et préféra se donner la mort en se précipitant par une fenêtre du troisième étage d'un immeuble parisien, rue Richelieu, c'était le 26 juillet 1794, vingt-quatre heures avant la chute de Robespierre ; Anne-Glaphire Sophie Genet [1761-1819], femme de chambre de Madame, fille du roi, qui épousera Antoine Pannelier d'Arsonval ; et Edmé Charles dit Edmond Genet [1763-1834] qui fut secrétaire d'Ambassade en Russie, d'où l'Impératrice Catherine II le fit expulser en 1792, puis ministre plénipotentiaire aux Etats-Unis où il émigrera échappant ainsi à la guillotine. Là, il s'y montra patriote révolutionnaire et se heurta violemment à Georges Washington, dont il combattit l'attitude de neutralité en organisant notamment la course contre les navires britanniques. Il épousera Cornelia Tappen Clinton, la fille de George Clinton gouverneur de l'Etat de New-York et vice-président des Etats-Unis d'Amérique.
       
       

 

Edmé Charles dit Edmond Genet [1763-1834]

Aglaé Louise Auguié, future Maréchale Ney (à gauche) et Hortense de Beauharnais (à droite)
dessin réalisé par Adèle Augié, baronne de Broc [1784-1813] fille d'Aglaé Auguié- 1802

       
       
ans le recueil "Souvenir de Madame Louise-Elisabeth Vigée Lebrun" publié en 1835, l'artiste peintre nous parle de cette famille dans l'une de ses lettres [Lettre XI].

Voici ce qu'elle nous rapporte :

- "
J'ai connu peu de femmes aussi belles et aussi aimables que Madame Auguié. Elle était grande et bien faite, son visage était d'une fraîcheur remarquable, son teint blanc et rosé, et ses jolis yeux exprimaient sa douceur et sa bonté. Elle a laissé deux filles, que j'ai connues dès leur enfance à Marly. L'une a épousé le maréchal Ney ; la seconde a été mariée à M. de Broc. Cette dernière a péri bien jeune encore, et bien malheureusement. Comme elle voyageait avec Madame Louis Bonaparte, son intime amie, elle voulut dans une incursion à Ancenis, traverser sur une planche un profond précipice, la planche manqua sous ses pieds, et l'infortuné tomba morte dans l'abîme...Madame Auguié, outre Madame Campan, avait une autre soeur, nommé Madame Rousseau, fort aimable femme, que la Reine avait attachée au service du premier dauphin, et qui m'a souvent donné l'hospitalité, lorsque j'avais des séances à la cour. Elle était devenue si chère au jeune prince qu'elle soignait, que l'aimable enfant lui disait, deux jours avant de mourir : "Je t'aime tant, Rousseau, que je t'aimerai encore après la mort". Le mari de Madame Rousseau était maître d'armes des enfants de France. Aussi, comme attaché à double titre à la famille royale, ne put-il échapper à la mort ; il fut pris et guillotiné. On m'a dit que, son jugement rendu, un juge avait eu l'atrocité de lui crier : "Pare celle-ci, Rousseau !".
       
       
 

   
 

Madame Rousseau et sa fille
par Elisabeth Louise Vigée Lebrun [1755-1842]
Musée du Louvre

   
       
       
médée, le plus jeune des fils de l'infortuné Augustin Rousseau, naquit le 10 juillet 1790. Sous le nom d'Amédée de Beauplan, il fit paraître un grand nombre de partitions de musique et dont plusieurs de ses romances eurent beaucoup de succès parmi lesquelles Bonheur de se revoir, L'ingénue, le Pardon ou encore le ravissant nocturne Dormez, mes chères amours, que toute la France a chanté.
       
       

 

Signature de Amédée Rousseau dit Amédée deBeauplan

       
       
arié le 26 avril 1837 avec Anne-Marguerite Hulin, il mourut à Paris le 24 décembre 1853. Il avait pris le nom de Beauplan d'une terre que sa mère possédait près de Chevreuse.
       
insi s'achève le récit de cette famille, il est vrai quelque peu oubliée aujourd'hui, mais dont le nom et le souvenir restera attaché à l'histoire du château des Ambésis, à notre village et à l'histoire de France.
       
       
© Olivier FAUVEAU - 2008      
       
 
 

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